Une nouvelle vague de haine envers les femmes est apparue en ligne depuis plusieurs semaines. Traitées de « tana », plusieurs utilisatrices de TikTok ont décidé de se réapproprier l’insulte en jouant la carte de la sororité.
Un drapeau sur le modèle de la France, un soleil au zénith toute l’année et des avions couleur rose métallique, c’est ainsi que Tanaland est sorti de terre. Un monde imaginaire made in TikTok créé par et pour les femmes. Une seule règle y règne alors : les hommes n’y ont pas leur place. Les utilisatrices de la plateforme chinoise ont inventé de toute pièce un monde où les femmes peuvent circuler librement, s’habiller selon leurs désirs, mais surtout se libérer de la violence sexiste subie au quotidien et notamment sur les réseaux sociaux.
Face à une énième vague de slut-shaming* sur TikTok, la créatrice de contenu Hadja (@hadja_bh2), a posé une première pierre à ce qui deviendra un élan de sororité, en annonçant quitter la France pour Tanaland. Les détracteurs de la plateforme ont démontré une imagination débordante en inventant le mot « tana », insulte misogyne pour remplacer « pute », alors interdit sur la plateforme.
Convaincues par le mouvement féministe, plusieurs utilisatrices de TikTok ont poussé l’autodérision encore plus loin grâce à l’intelligence artificielle. La tendance est lancée : des centaines de vidéos apparaissent sur la plateforme, dévoilant Tanaland et sa capitale Tana City au design ultra-stéréotypé, inspiré de l’univers Barbie.
Quand le serpent se mord la queue
La misogynie s’est prise à son propre jeu. De nombreuses femmes ont retourné l’insulte à leur avantage, se montrant amusées de recevoir un « tana » dans les commentaires sous leurs posts. Dès qu’une internaute est insultée, elle gagne officiellement le ticket d’or pour entrer à Tanaland. « Être contre ce mouvement, c’est juste donner raison à tous ces misogynes qui voudraient nous voir pleurer à chaque « tana » lâché en commentaire dans le but de nous persécuter », a dénoncé l’influenceuse Polska sur TikTok.
Tanaland devient alors convoité du plus grand nombre, chez les hommes également. Plusieurs influenceurs se sont jetés à l’eau, suppliant leurs consœurs d’obtenir leur passeport rose afin de rejoindre les 18 millions d’habitantes du pays à la devise féministe « Liberté, Égalité, Tanacité ».
Au fil des jours, Tanaland est devenu le symbole d’une inversion des rapports de force qui s’opère actuellement sur les réseaux sociaux. Au-delà d’une tendance, se revendiquer « tana » est la réponse à une vague de misogynie en ligne. Ce renversement a un nom : la « Génération Tana » voit la vie en rose !
*Ensemble d’attitudes individuelles ou collectives agressives envers les femmes dont le comportement serait jugé « provocateur ».