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    Témoignage : « J’en étais arrivée à tra­vailler l’été pour pouvoir me payer ma drogue »

    Etudiante en dernière année de médecine, à Lille, c’est sous un nom d’emprunt que Léa, 27 ans, a accepté de répondre à nos questions. Aujourd’hui sobre depuis plus de quatre ans, elle fut ancien­ne­ment addicte à dif­fé­rentes sub­stances. Dans le cadre de notre enquête, elle a souhaité apporter son témoi­gnage pour prévenir et montrer qu’il est possible de s’en sortir.

    Dans quelles cir­cons­tances prenais-​tu de la drogue ? 

    Au départ c’était vraiment pour faire la fête et en fait petit à petit c’est devenu plus fréquent. Après j’étais dans le déni donc j’avais l’impression que c’était toujours pour faire la fête, même au quotidien. Mais c’était aussi lié à ma consom­ma­tion d’alcool, qui était à l’époque très pro­blé­ma­tique. 

    Il y a pour toi une cor­ré­la­tion avec l’alcool ? 

    J’étais déjà dépen­dante à l’alcool, avant d’être consom­ma­trice de drogues dures. Les drogues ont aggravé la dépen­dance à l’alcool. Car quand tu prends de la cocaïne, il y a cette espèce de sensation où tu redeviens sobre. Et quand j’ai arrêté la cocaïne, j’ai vu ma consom­ma­tion d’alcool diminuer dras­ti­que­ment. 

    A quel moment est arrivée la prise de conscience ? 

    Au départ j’arrivais à rester dans un contexte festif, donc entourée de gens. J’arrivais à être entourée quo­ti­dien­ne­ment. Mais pro­gres­si­ve­ment, parce que les gens ont aussi leur vie, j’ai commencé à aller seule dans les bars. Au départ je passais des coups de fil à des potes, dans d’autres régions ou d’autres pays. Comme ça je faisais la fête avec eux. Et puis pro­gres­si­ve­ment il n’ y a plus eu de coups de fils. Donc un éloi­gne­ment. Sauf que j’étais encore dans le déni et je me disais que j’avais pas besoin d’être seule pour faire la fête. Ça reste tout de même ma meilleure amie et mon ex qui ont soulevé le problème. J’en étais arrivée à tra­vailler l’été pour pouvoir me payer les restes de l’année mes consom­ma­tions ! Et d’autres amis qui me l’ont dit mais pas dans un souci d’aide plutôt dans une envie de couper les ponts. Et aussi avec des membres de ma famille, qui s’inquiétaient de ma consom­ma­tion d’alcool notamment. 

    Est-​ce que cela à aggravé la situation ? 

    Sûr le moment oui, ça m’a fait plus consommer. J’étais en colère et je trouvais que ce n’était pas légitime. Après avec du recul, aujourd’hui je comprends mieux et je sais que c’est moi qui était dans le faux. Mes parents en revanche ne m’ont jamais jugée, ont préféré me soutenir dans mon parcours. Ils sont même venus me chercher à Lille pour m’extraire. Ils sont à l’initiative de mon sevrage et ils m’ont beaucoup aidé. 

    Cette période s’étend sur combien de temps ? 

    Alors avec l’alcool ça a commencé tôt. La première fois que j’ai bu, j’avais 14 ans. Et très vite c’est partie dans une espèce de binge-​drinking. La drogue à commencé plus tard, j’avais 19 ans. Et j’ai décidé de tout arrêter vers mes 22 ans. 

    Est-​ce qu’il y avait un effet de groupe ? 

    Je dois dire que c’était lié à moi. J’avais des problèmes d’anxiété, j’essayais grâce à ces sub­stances d’être quelqu’un d’autre. Quelqu’un de mieux. Mais aussi je cherchais à stopper les rumi­na­tions et les pensées qui me pré­oc­cu­paient. 

    Comment la drogue dure est arrivée dans ta vie ? 

    Ce sont mes amies qui ont découvert ça en premier. Et mon meilleur ami savait déjà à l’époque que j’avais des problèmes d’alcool. Mais je me sentais à l’écart et du coup j’ai voulu essayer. Même s” il m’en a empêché au début. Et puis la kétamine est arrivée parce que mon ex en prenait. J’ai donc voulu tester aussi. 

    Est-​ce que tu as essayé d’en parler à l’époque ? 

    Il faut savoir qu’à cette époque j’étais suivie par un psy­cho­logue et un psy­chiatre. Donc j’en parlais. Et c’est comme ça que j’ai pu béné­fi­cier d’une aide médi­ca­men­teuse pour l’alcool. 

    Comment s’est passée la période de sevrage ? 

    Les débuts ont été très com­pli­qués, notamment pour l’alcool. L’ecstasy aussi mais j’en ai pris vite conscience après un black-​out de 7 heures en festival qu’il fallait que j’arrête. Du coup je me suis réfugiée dans l’alcool. Puis j’ai arrêté la cocaïne. Et je me rassurais en me disant que j’avais encore l’alcool. Et c’est ce qui est le plus dur à arrêter. Autant la consom­ma­tion de drogues reste une consom­ma­tion qui est cachée. Alors que l’alcool, même au sein de ma famille, c’est quelque chose de très établi. Et socia­le­ment c’est accepté, c’est partout, tout le temps. Donc pour éviter d’être tenté, faut rester quasiment cloîtré. Cette période de sevrage a duré, je dirais deux ans et demi. La première année, j’essayais de maintenir une vie sociale, mais c’était très compliqué. Je n’allais plus en soirée et j’allais juste prendre un verre avec des amis ‑autre que de l’alcool- mais je le vivais mal. Et j’ai eu de la chance car au bout d’un an il y a eu le Covid. Donc ça m’a aidé. Et j’ai su que je m’en étais sorti, le jour où j’ai pu retourner en soirée et voir que je n’étais plus tentée. Sans que ça me fasse sentir mal, sans que j’en ai envie, sans que je me sente inférieur aux autres si je ne consom­mais pas. 

    Le suivi psy­cho­lo­gique à continuer durant cette période de sevrage ? 

    Oui, ça faisait déjà 3 ans et demi que j’étais suivie psy­cho­lo­gi­que­ment. Et ça m’a énor­mé­ment aidé. Un an et demi avant le sevrage, c’était des questions qui reve­naient en per­ma­nence, à chaque fois : “J’y arrive pas”; “j’ai pas encore réussi”; “je vais y arriver la prochaine fois”. Et à chaque fois je n’y arrivais pas. 

    Donc c’est venu d’une moti­va­tion per­son­nelle ? 

    A la base je voulais réduire, je voulais pas arrêter parce que je me disais que je bois trop et je fais beaucoup “la fête”. Pour moi il y avait peut-​être un petit problème mais je ne me sentais pas dépen­dante. Si je n’y arrivais pas c’est que pour moi il y avait toujours une excuse. Et j’ai eu une amie qui avait arrêté deux ans avant moi. Elle était addicte seulement à l’alcool. Mais ça m’a beaucoup aidé, car elle a été d’un réel soutien. Je pouvais discuter avec quelqu’un qui savait ce que repré­sen­tait ce parcours du com­bat­tant. 

    Si tu avais un message à faire passer à un jeune qui serait soumis à l’addiction, lequel serait-​ce ? 

    Il faut vraiment que ça vienne de soi. Le parcours est intérieur. Et je pense qu’il faudrait lui dire que c’est quelqu’un de bien. Que ce n’est pas parce que tu consommes que ça fait de toi quelqu’un de mauvais. Tu fais ce que tu peux avec ce que tu as. Ça c’est un moyen que tu as trouvé pour supporter ce qui n’est pas sup­por­table. Le chemin dans lequel tu vas te lancer est difficile mais il n’est pas insur­mon­table. Il y aura surement des fois où tu voudras baisser les bras, ou faire un pas en arrière ou un pas de côté, ça ne veut pas dire que tu as échoué, c’est juste que la route est sinueuse. 

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