Lundi 23 septembre, le musée des Beaux-Arts clôture l’exposition « Monet à Vétheuil ». Pour Contrepoint, Delphine Rousseau, commissaire d’exposition et conservatrice des collections des XVIIIe, XIXe et XXe siècle, est revenue sur toute la préparation opérée par le musée.
Comment est née l’exposition « Monet à Vétheuil » ?
2024 est une date particulière. Le ministère de la Culture et le musée d’Orsay ont fêté les 150 ans de l’Impressionnisme. Cela correspond à la première exposition impressionniste qui a eu lieu à Paris en 1874. Nous avons axé cet anniversaire sur Claude Monet qui est la figure fondatrice de ce mouvement. On a donc mis en lumière son histoire grâce à des textes, des contenus vidéos, des animations avec l’intelligence artificielle et bien entendu des tableaux. Ce mélange de supports participe à la démocratisation de l’art.
Quel a été votre rôle dans la construction de l’exposition ?
Il faut tout anticiper ! Une exposition se pense très tôt, en moyenne 3 ans à l’avance. En tant que commissaire d’exposition, je dois réfléchir à l’organisation de nombreux aspects : le sujet de l’exposition, le prêt des œuvres, le transport, la gestion des équipes… Il faut aussi convaincre le maire, les musées prêteurs et même des investisseurs. Mon objectif est que tout le monde ait confiance dans le projet.
Vous parliez de prêt de tableau. Comment cela fonctionne ?
Il faut être labellisé « Musée de France ». Le musée possède déjà deux tableaux de Monet qui proviennent de la donation Masson : La Débâcle et Vétheuil, le matin. Orsay nous a prêté quatre autres œuvres, dont Vétheuil, le soir. Cela nous a aidés dans la médiation et a permis de mettre en lumière près de 20 ans d’évolution dans sa carrière. C’est une lourde responsabilité quand on sait que le montant total des œuvres confiées s’élève à 67 millions d’euros.
Une fois réceptionnés, comment les tableaux sont installés ?
Avant tout, les tableaux subissent un véritable check-up médical avant d’être exposés. Il existe des normes internationales en termes de restauration et de prêt entre les musées que l’on doit respecter. Il faut vérifier l’hygrométrie, la température des lieux, faire attention aux lumières, passer le tableau sous radiographie… Mais ce sont des exigences qui sont assez polluantes. J’essaye au maximum de créer une exposition la plus vertueuse possible en utilisant des matériaux recyclables et en réutilisant nos installations. La question du bilan carbone est quelque chose qui me tient à cœur. Par exemple, au musée, on a baissé d’un degré la température pendant l’hiver et on privilégie désormais des transports moins polluants.
Après Monet, place à Raphaël !
Après l’impressionnisme, le palais des Beaux-Arts opère un voyage dans le temps pour sa prochaine exposition. Du 18 octobre au 17 février prochain, le musée dévoilera l’ « Expérience Raphaël », fruit d’une collaboration avec le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF). Pendant 4 mois, une quarantaine de feuilles de dessins provenant des collections du peintre Jean-Baptiste Wicar ainsi que nombreuses peintures de Raphaël seront exposées. Un fond d’oeuvre qui fait des Beaux-Arts le deuxième cabinet de dessin de France, derrière le Louvre. Une opportunité unique de découvrir un matériel rarement exposé en raison de sa fragilité. Et aucune excuse pour ne pas aller voir l’exposition : le musée est gratuit tous les premiers dimanches du mois.