Député au Parlement européen, Jamal Ikazban, était élu de la commune de Molenbeek de 2001 à 2012. Toujours très investi dans le développement de ce quartier, il a accepté de répondre à nos questions.
Comment Molenbeek est devenu une commune attractive ces dernières années ?
« Molenbeek a toujours été attractif, une sorte de terre d’accueil pour les populations rejetées. On est une des communes les mieux desservies de Bruxelles. Les loyers restent aussi accessibles. Mais il existe tout de même de grands problèmes sociaux tels que la pauvreté et le chômage, qui est à près de 30 % pour les jeunes Molenbeekois. Les médias belges et étrangers ont toujours entaché la réputation du quartier. Mais la commune reste riche par sa diversité sociale et culturelle. »
Comment peut-on s’assurer que cette attractivité ne se traduise pas par une gentrification de la ville ?
« La gentrification est pour moi le plus grand danger du quartier, auquel je suis particulièrement attentif. Certes, la mixité est inévitable et importante. Mais l’effet pervers est qu’on a tendance à avoir des politiques publiques pour chasser les plus fragiles. C’est-à-dire, les populations pauvres qui sont installées depuis des années et qui sont l’âme du quartier. »
Comment imaginez-vous Molenbeek dans 20 ans ?
« Il y a deux possibilités. Soit, un Molenbeek apaisé avec une population active et dynamique, ou qui se laisse dépasser par ses instabilités. On assistera alors à un changement complet de population. Mais pour le moment, la commune a encore des défis colossaux à régler. »