À la rentrée, les étudiants de l’Université Catholique de Lille ont découvert une hausse soudaine du prix du café dans les distributeurs automatiques. Une augmentation qui suscite incompréhension et colère sur le campus, alors que l’entreprise gestionnaire invoque la flambée des matières premières.
Chaque matin, c’est la même routine. Les étudiants courent après le bus, arrivent in extremis en cours, et, pour affronter la journée, s’accordent un instant de répit devant un distributeur à café. Mais à la rentrée des vacances de Noël, un cadeau empoisonné les attendait : une hausse brutale des prix a frappé ces machines.
Un réveil difficile pour les étudiants
L’annonce n’a pas tardé à faire réagir. Devant les distributeurs, les murmures des étudiants en journalisme indignés se mêlent aux soupirs qui refroidissent leurs précieuses boissons. Pour Suzanne, la découverte a été brutale : « Quand j’ai vu le prix du café qui avait augmenté, j’ai vraiment été choquée. On est étudiants, on ne roule pas sur l’or ! », s’indigne-t-elle. « Déjà que je bois pas mal de café, je dépensais une somme astronomique chaque jour, et là, c’est pire : les prix ont doublé, voire triplé ! Avant, je prenais un café au lait à 50 centimes, maintenant il est à 1€20. »
« Avant, je prenais un café au lait à 50 centimes, maintenant il est à 1€20. »
D’autres, comme Noémie, ont été prises au dépourvu par cette hausse invisible au premier abord : « Je m’en étais même pas rendue compte, je paye automatiquement en sans contact. C’est une amie qui me l’a fait remarquer ! »
Quant à Jeanne, c’est davantage la qualité du café qui l’irrite : « J’ai pris un double expresso à 1€10… Pour de l’eau chaude et un peu de poudre, c’est vraiment excessif. Si c’était un bon café, je comprendrais, mais là, honnêtement, ce n’est pas justifié. »

Et pourtant, c’est au nom de la « qualité » que MaxiCoffee, l’entreprise en charge des distributeurs de l’université, justifie cette flambée des prix. Une affiche placardée sur les machines de l’hôtel académique tente d’expliquer la décision, mais loin d’apaiser les esprits, elle a attisé la colère. Taguée d’un cinglant « C’est du vol ! », elle cristallise à elle seule la frustration ambiante. L’entreprise y évoque la hausse du coût des matières premières depuis janvier 2024, rendant, selon elle, l’ajustement des tarifs « indispensable ».
Un problème plus large
Le phénomène dépasse largement l’université. L’arabica, la variété la plus consommée, a vu son prix bondir de 80 % en un an, un record inédit depuis 1977. Le robusta, utilisé dans le café soluble, suit la même tendance. En cause, des récoltes catastrophiques : sécheresse, incendies et pluies diluviennes ont ravagé les plantations brésiliennes, tandis que des vagues de chaleur ont divisé par deux les exportations vietnamiennes. Or, ces deux pays assurent à eux seuls près de 50 % de la production mondiale.
Si la volatilité des prix n’est pas nouvelle, la crise actuelle révèle une fragilité plus profonde du secteur, exacerbée par le dérèglement climatique. À ce rythme, la moitié des terres cultivées en café pourraient « disparaître d’ici 2050 », selon le Cirad. Pour y remédier, le G7 a lancé un fonds mondial d’un milliard de dollars destiné à adapter la filière aux défis environnementaux, avec une phase pilote en Afrique avant un éventuel déploiement en Amérique centrale et en Asie.
En attendant, les étudiants devront trancher : payer plus cher leur dose de caféine ou revoir leurs habitudes. Une chose est sûre, à la Catho de Lille, la pause café n’a jamais coûté aussi cher.