Le jeudi 8 février, l’Elysée a révélé la seconde partie du nouveau gouvernement de Gabriel Attal. Pendant de nombreuses semaines, l’attention était focalisée sur le ministère de l’Éducation, suite aux controverses médiatiques entourant Amélie Oudéa-Castéra, nommée ministre de l’Éducation, des Sports et des Jeux Olympiques, lors de la première vague du remaniement. Désormais, le poste de ministre de l’éducation revient à Nicole Belloubet.
Ce n’est pas la première fois que l’on voit Nicole Belloubet au gouvernement d’Emmanuel Macron. Entre 2017 et 2020, elle occupait le poste de ministre de la justice. Elle avait succédé à François Bayrou. L’ironie de l’histoire dit qu’il était pressenti au poste de ministre de l’Education à la place de Nicole Belloubet, mais il a décliné l’offre. L’ancienne professeur des universités, a été rectrice des académies de Limoges et de Toulouse entre 1997 et 2005. Elle n’est donc pas inconnue au système éducatif français. Cela a pu rassurer les syndicats enseignants lors de la passation rue de Grenelle. Mais ce n’est pas pour autant qu’ils sont conquis par cette nouvelle ministre, les syndicats restent vigilants quant à son action future sur les questions liées à la laïcité par exemple, à cause des événements de l’affaire Mila en 2020. L’ancienne Garde des Sceaux avait minimisé l’importance de la liberté de conscience. Ses déclarations, où elle semblait hiérarchiser les menaces de mort en dessous d’autres formes d’atteintes à la liberté d’expression, ont suscité des critiques et des inquiétudes quant à sa position sur les principes fondamentaux de la démocratie.
Débats sur le harcèlement, les groupes de niveau et les uniformes
Comme Gabriel Attal, Nicole Belloubet va à la rencontre de la population. Dès le lundi 12 février, elle s’est rendue au collège Robert Schumann de Reims pour parler lutte contre le harcèlement scolaire. Par la même occasion, la ministre y a dévoilé la première enquête nationale sur le harcèlement scolaire. L’enquête révèle que 5 % des élèves de CE2 au CM2, 6 % des élèves de collège et 4 % des lycéens sont identifiés comme victimes de harcèlement. La ministre a annoncé que l’étude sera réalisée chaque année, afin d’observer l’évolution du phénomène. L’exécutif a réaffirmé mettre en œuvre des actions concrètes pour lutter contre le harcèlement : des cours d’empathie, la saisie du téléphone portable dans des cas graves, l’exclusion des élèves harceleurs sur les réseaux sociaux.
En décembre 2023, alors qu’il était encore ministre de l’Éducation, Gabriel Attal a annoncé la mise en place de groupes de niveaux en français et en mathématiques pour les classes de 6ème et de 5ème. Cette initiative devait progressivement s’étendre aux classes de 4ème et de 3ème d’ici 2025.Les enseignants expriment leur opposition immédiate à l’introduction des groupes de niveau, redoutant leur inefficacité pour l’avancement des élèves en difficulté et soulignant le danger de tri social avec une concentration des problèmes. En outre, ils font remarquer que ces groupes nécessitent des ressources supplémentaires, malgré les postes en plus octroyés par le ministère. Les journées de grève organisées en février ont mis en lumière une vive opposition dans les établissements, renforcée par le vote unanime du Conseil supérieur de l’Éducation contre cette mesure. Nicole Belloubet adopte une position moins tranchée que le Premier ministre, évitant même l’usage du terme complet « groupe de niveau ». Elle souligne cependant l’importance des classes hétérogènes, citant les arguments avancés par les syndicats : « Il n’y aura pas les groupes de mauvais et le groupe de bons », mais plutôt « la possibilité pour chaque classe de prendre en charge des élèves en groupe ».
Le 18 février Nicole Belloubet avance sur le plateau de BFMTV que « 87 établissements ont déjà donné leur accord » pour tester le port de l’uniforme. Les collectivités locales ont jusqu’au mois de juin pour manifester leur envie de participer à cette expérimentation. La nouvelle ministre affirme : « [l’expérimentation] a un intérêt parce qu’au fond c’est l’idée, non pas d’abolir les différences, mais plutôt de créer de l’unité, de créer un sentiment d’appartenance, d’essayer de travailler sur cette notion d’égalité ».
Nicole Belloubet affirme réfléchir encore sur ces sujets brûlants et a promis des annonces d’ici une semaine.