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    Affaire du Petit Émile : résur­gence du passé trouble du grand-père

    La trotteuse du cadran galope : le 8 juillet prochain, un an se sera déjà écoulé depuis que le petit Émile à la bouille de poupon blond s’est vola­ti­lisé dans les Alpes-​de-​Haute-​Provence, sans laisser la moindre trace à ce jour pour remonter jusqu’à lui. Avec la survenue récente de nouveaux éléments trou­blants au dossier d’enquête, Contrepoint fait le point sur l’affaire de la dis­pa­ri­tion du petit garçon de deux ans et demi.

    Dans un article publié par Le Canard enchaîné, le mardi 19 mars, l’hebdomadaire satirique a eu l’exclusivité de la révé­la­tion de nouvelles infor­ma­tions portant sur l’enquête en cours, pour ensuite être relayées par tous les organes de presse dans les heures qui ont suivi sa publication.

    Années 90 : point de départ d’une affaire judi­ciaire pour violences sexuelles et physiques sur mineurs dans un éta­blis­se­ment religieux

    Le Canard déterre le passé pour le moins trouble de Philippe Vidovini, le grand-​père maternel du petit garçon porté disparu dans le Haut-​Vernet, depuis l’été dernier. Il serait impliqué dans une ancienne affaire judi­ciaire pour violences sexuelles et physiques sur mineurs. Au moment des faits qui lui sont reprochés, il était alors adhérent d’une com­mu­nauté reli­gieuse dans les années 1990. Le Canard Enchaîné révèle et précise que l’homme, en charge de la garde de l’enfant au moment de sa dis­pa­ri­tion huit mois aupa­ra­vant, apparaît comme « témoin assisté » dans une vaste affaire judi­ciaire ayant ébranlé la com­mu­nauté tra­di­tio­na­liste de Riaumont dans le Pas-de-Calais.

    Des révé­la­tions déjà connues des services de recherches

    Un élément crucial dans cette affaire, pourtant connu depuis les premiers jours de l’enquête par les gendarmes de la section de recherches de Marseille mobilisés sur le dossier de la dis­pa­ri­tion d’Émile. Cette décou­verte frappante soulève des soupçons quant à l’hypothétique impli­ca­tion du grand-​père dans la dis­pa­ri­tion de son petit-​fils, qui reste à ce jour inex­pli­quée. Toutefois, depuis l’ouverture de l’enquête pour retrouver le petit garçon, le profil du kiné­si­thé­ra­peute ostéo­pathe de 58 ans intrigue les enquêteurs.

    Le profil d’un « patriarche auto­ri­taire »

    Philippe Vidovini devient membre de la com­mu­nauté reli­gieuse de la Sainte-​Croix de Riaumont, à Liévin, entre 1991 et 1994. Alors âgé de 26 ans à l’époque, il intègre dans un premier temps la com­mu­nauté tra­di­tion­na­liste en tant que chef scout. Il devient ensuite encadrant et prononce ses vœux monas­tiques tem­po­raires, se faisant doré­na­vant appeler « Frère Philippe ». Il est alors celui dont la fonction est de faire régner la dis­ci­pline et l’ordre parmi les jeunes pen­sion­naires, qui le décrivent aujourd’hui comme un patriarche auto­ri­taire. Un trait de per­son­na­lité somme toute qui, au regard de la loi, ne saurait être retenu comme un élément à charge à valeur de preuve.

    Toutefois, l’appréciation des profils et anté­cé­dents des inter­ve­nants gravitant autour de la dis­pa­ri­tion du petit Émile sont sérieu­se­ment pris en compte et étudiés par les enquê­teurs. Et pour cause, plusieurs personnes témoignent aujourd’hui de violences dont elles auraient été victimes par le grand-​père du petit garçon. Le Canard s’appuie notamment sur le témoi­gnage d’un ancien encadrant pour décrire un homme considéré comme un « gourou », tandis que les anciens pen­sion­naires témoignent de la « terreur qu’il inspirait » et de « ses tartes mémo­rables » : « J’ai gardé les cinq doigts sur ma fesse pendant deux mois », déclare un ancien membre de la com­mu­nauté. Philippe Vidovini serait un adepte d’une éducation rigoriste. Une doctrine qu’il aurait appliquée sans vergogne aux pen­sion­naires de la Sainte-​Croix de Riaumont, mais également à son petit-​fils disparu.

    Le reten­tis­se­ment d’une affaire enfouie

    Un ancien pen­sion­naire le place sur le banc des accusés pour viol, une accu­sa­tion qui a depuis fait l’objet d’une plainte. Mais ça ne s’arrête pas là : depuis 2014 et jusqu’en 2017, des accu­sa­tions simi­laires s’amoncellent. La justice a été saisie par une série de plaintes déposées par des anciens élèves de l’établissement à l’encontre de M. Vidovini. Les faits se recoupent et datent du début des années 1990, mêlant viols, agres­sions sexuelles et mal­trai­tance sur mineurs, à une époque où les enfants s’adressaient au grand-​père du petit Émile en tant que « Frère Philippe ».

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