Le 4 septembre 2024, Paul Watson a été entendu lors d’une audience à Nuuk, capital du Groenland. Accusé d’avoir mis en danger l’équipage d’un baleinier japonais, le militant n’a pas été extradé au Japon. Il restera derrière les barreaux danois durant encore 28 jours.
Le 21 juillet dernier, Paul Watson est arrêté au Groenland, à la demande du Japon. Il est accusé d”« entrée par effraction sur un navire, atteinte aux biens, entrave à l’activité imposée par la force et coups et blessures ». Le problème qui se pose actuellement, est le refus du juge de visionner les images vidéo filmées au moment des faits, qui sont reprochés à l’activiste. D’après Sea Shepherd, les images montrent clairement qu’il n’y avait personne sur le pont du baleinier, et que la bombe puante lancée sur le navire n’a pas pu blesser de marin. L’avocat de Paul Watson déclare à l’AFP que le juge estime que « ce n’est pas son rôle d’étudier [les vidéos] car le dossier a été transmis à la police ». Pour bien saisir les tous les enjeux de cette affaire, il faut revenir en janvier 2010.
Le bateau Ady Gil, de l’association Sea Shepherd, a été percuté par le baleinier japonais Shonan-Maru‑2. L’incident a causé des dommages importants, car le navire de l’ONG a été scindé en deux avant de couler. Les membres de l’équipage ont été secourus. Les autorités japonaises nient avoir percuté intentionnellement le bateau de Sea Shepherd, et accusent l’association d’avoir mis en danger la vie de ses membres d’équipage.
Le mois suivant, Peter Bethune, membre de l’association, est parvenu à monter à bord du Shonan-Maru‑2. Présent sur l’Adyl Gil lors des faits de janvier, il souhaitait faire arrêter l’équipage japonais pour la destruction du navire. Il a été arrêté par les autorités japonaises et dans la foulée a été accusé d’intrusion, de port d’armes (un couteau qu’il utilisait pour couper des filets) et de destruction de biens. Peter Bethune a été jugé au Japon puis condamné à deux ans de prison avec sursis et expulsé du pays. Si Paul Watson ne fait plus partie de l’ONG, il a poursuivi ses actions militantes contre les baleiniers. En juillet dernier, il aurait fait une escale à Nuuk avec son bateau, pour se ravitailler en carburant. C’est à ce moment-là qu’il a été arrêté par les autorités danoises. S’il continue à militer autant pour la protection des baleines, c’est bien parce que sa chasse se poursuit alors qu’elle est interdite.
Le Japon, un mauvais élève
Les territoires marins sont protégés par un moratoire interdisant la pêche commerciale à la baleine qui a été adopté par la Commission baleinière internationale (CBI). Il est entré en vigueur en 1986, et doit permettre à plusieurs espèces, qui avaient été gravement décimées par la chasse intensive, de se reconstituer. Cependant, certains pays, comme la Norvège et l’Islande, ont émis des objections formelles au moratoire et continuent de pratiquer la chasse commerciale. Le Japon, quant à lui, a poursuivi la chasse aux cétacés sous prétexte de « recherche scientifique ». En 2019, le pays s’est retiré de la CBI et a repris la chasse commerciale. Tant que les navires japonais pêchent dans les eaux territoriales et leurs zones économiques exclusives, il agit dans le cadre de ses propres frontières. Mais l’incident concernant Sea Sheperd en 2010, s’est produit en Antarctique, zone dans laquelle la chasse commerciale est interdite mais où le Japon menait des opérations sous le couvert de la « recherche scientifique ».