À l’ère où nos yeux sont constamment rivés vers des écrans, la lumière bleue est désormais omniprésente dans notre quotidien. Face à cette surexposition, les lunettes anti-lumière bleue se sont imposées comme la solution pour préserver notre santé oculaire. Mais ces promesses reposent-elles sur des bases scientifiques solides, ou ne seraient-elles qu’un simple argument marketing ?
La lumière bleue fait-elle le bonheur des opticiens ? Depuis quelques années, Marion, opticienne certifiée chez Générale d’Optique à Lille, observe un véritable engouement chez certains clients. « Certains me disent qu’ils ressentent moins de maux de tête, moins d’éblouissements après une journée passée devant un écran grâce aux lunettes anti-lumière bleue », nous explique l’opticienne. Toutefois, elle reste mesurée sur leur efficacité réelle, précisant qu’aucune étude médicale ne prouve formellement les bienfaits de ces verres.
Même discours pour la directrice adjointe du magasin qui avoue qu’il existe une part de stratégie commerciale. « C’est évident qu’il y a une forme de nouveauté et que celui qui a voulu les commercialiser y a vu un bon coup marketing », affirme Marion.
Quand la médecine démonte le mythe
Si l’argument commercial semble encore difficile à évoquer chez les opticiens, pour les professionnels du monde médical, c’est une réalité flagrante. Le professeur Nathalie Cassoux, oncologue oculaire à l’Institut Curie à Paris, se montre particulièrement critique : « C’est du pur marketing, les études scientifiques montrent l’inutilité des verres anti-lumière bleu. »
Une étude a été menée par l’Institut national de la santé (NIH) des États-Unis sur un échantillon d’adultes portant des verres filtrant la lumière bleue, en comparaison à d’autres portant des verres classiques. Les résultats ont révélé que ces filtres ne réduisent pas de manière significative les symptômes de fatigue visuelle. Autrement dit, leur efficacité est loin d’être prouvée.
Mais alors, qu’est-ce que la lumière bleue ?
C’est l’ensemble des rayons nocifs émis par nos écrans. Elle pénètre moins profondément dans l’œil que les autres ondes lumineuses et s’arrête au niveau du cristallin. Elle est naturellement émise par le soleil, qui en reste la principale source.
Si certains utilisateurs disent percevoir une amélioration grâce aux lunettes anti-lumière bleue, ces effets restent pour le moins anecdotiques et largement non prouvés par la science. Ces verres semblent surtout répondre à une tendance de consommation.