Depuis octobre 2024, le quartier du Maréchal-Leclerc vit une révolution urbaine. Pourtant, malgré l’enthousiame de la municipalité, les habitants du quartier restent partagés entre l’espoir de voir la place s’embellir et le souhait de voir rapidement les travaux terminés.
« Au printemps 2026, le cœur de la place du Maréchal-Leclerc deviendra un grand parc public ». La mairie de Lille se veut optimiste : la rénovation de la place sera un succès. Commencé depuis octobre 2024, ce projet vise à construire un espace vert au cœur de la place du Maréchal-Leclerc, réputée pour sa tranquillité et ses nombreux
appartements étudiants. Sur place, l’ambiance ne trompe pas. Des voitures constamment à l’arrêt, des piétons qui
cherchent le sens de la circulation, les habitants frustrés par le « brouhaha » des camions, il est difficile d’imaginer le halo de verdure promis par la mairie. La fraicheur du ciel gris et la monotonie du béton, fracturé par les ouvriers, n’améliorent pas l’image de la place de ce quartier tranquille.

« Les travaux c’est bien, mais ce jardin au milieu est une belle connerie »
Malgré les ambitions écologiques de la mairie, les avis restent mitigés. Certains habitants du quartier, excédés par les nuisances sonores et la limitation des places de parking dans le secteur, restent farouchement opposés. Bernadette, au volant de sa 306 grise, ne décolère pas. La dame aux cheveux d’argent et aux yeux sombres s’indigne devant une décision qui ne prend pas en compte les besoins des habitants. « Actuellement ce sont les vacances donc cela peut aller. On nous a toujours dit, on ne roule pas sur le trottoir mais aujourd’hui, on nous a mis les vélos sur le trottoir. C’est la pire connerie ».
De l’autre côté du trottoir, les professionnels subissent les désagréments de ce chantier. Louis, conseiller
bancaire pour le CIC, regarde avec tristesse la baisse de fréquentation de son établissement. Le jeune homme
de 28 ans, récemment installé dans le quartier, déplore les interminables files d’attente
de voitures et les fracas des marteaux-piqueurs devant sa boutique. « On a senti que certains de nos clients avaient une appréhension à venir nous voir à cause des travaux. On sait que c’est temporaire mais c’est
moins chaleureux de consulter nos clients à distance »
Chez les jeunes actifs, l’ambiance, elle, est à la fête. Interrogés, ils sont nombreux comme Mélissa, étudiante à l’Université Catholique de Lille, à se réjouir de voir un peu de biodiversité et de verdure dans le
quartier. Malgré l’ironie de la scène (la chaîne de son vélo venait de se casser), elle s’enthousiasme de pouvoir circuler sur un passage accessible et sécurisé. « Ce sera beaucoup plus simple aujourd’hui de
circuler. De plus, les étudiants auront le temps de profiter du beau temps au parc après les cours donc je pense que c’est une bonne chose. » Derrière ces travaux, la municipalité veut construire un parc de 6 800 mètres carrés qui cherche à « valoriser les arbres présents tout en créant de nouveaux espaces de nature ».

Avec 44 arbres supplémentaires et 144 arbustes, le nouveau maire de Lille, Arnaud Deslandes, affirme que cette
initiative « diminue la place de l’automobile et facilite les mobilités actives » bien qu’une partie du stationnement reste opérationnelle. Ces rénovations visent à embellir cette place du XIXe siècle et de préserver l’héritage historique du quartier. La fin du chantier, commencé en octobre 2024, est prévu au printemps 2026.
Interrogée sur le sujet, la mairie n’a pas pu répondre à nos questions par manque de temps