En pleine crise à l’Aide Sociale à l’Enfance, des violences faites aux enfants ont été enregistrées au sein de familles d’accueil dans le Pas-de-Calais. Comment on a pu en arriver là ?
De moins en moins de familles acceptent d’accueillir chez elles des enfants confiés à l’aide sociale à l’enfance. Elles sont au nombre de 75 000 en France alors que le nombre d’enfants qui font l’objet d’un placement par les tribunaux pour enfants a augmenté de “27 % entre 2002 et 2017” d’après la DRESS. Isabelle, Marc et Jeannine, trois éducateurs de l’Aide Sociale à l’Enfance du secteur de Douai, expliquent cette baisse des vocations. De leur point de vue, “ les familles ne sont pas assez rémunérées pour tout l’investissement que cela demande. Alors on prend quasiment toutes les familles qui se portent volontaires.”
Moins de candidats pour être familles d’accueil
« Forcément, la prise en charge des enfants placés par le juge des enfants est de moindre qualité. Mais quand on a des cas avérés de maltraitance dans la famille d’accueil, on stoppe les placements. J’ai déjà eu le cas d’une famille d’accueil dont le père avait des comportements tendancieux d’un point de vue sexuel. Ce sont les enfants qui nous ont prévenus. L’ASE n’a même plus assez de personnel pour surveiller ce que font les familles, connaître leur profil. Il manque une centaine de places alors que lorsqu’un juge ordonne un placement, c’est que l’enfant est en danger de mort à son domicile », raconte Jeanne.
Une équipe de chercheurs de l’INEd a mené une enquête sur les violences au sein des institutions de l’ASE. Ils concluent que les familles d’accueil sont « le lieu de prédilection » de ces violences psychologiques. Dans leur étude, les chercheurs estiment les cas de violences psychologiques ou de situations pouvant être assimilées à des violences comme le manque d’attention et une différence de traitement entre les enfants biologiques et confiés dans près de 32% des cas étudiés.
Les jeunes filles sont particulièrement exposées aux violences
Les filles seraient particulièrement exposées à ces violences, surtout si elles sont d’origine étrangère : « On pliait les vêtements, on triait les vêtements [des] enfants [de la mère d’accueil], enfin les femmes de ménage quoi, toujours H24. Elle m’a fait faire le lit au moins dix fois. Avant elle a dit : “Si tu fais pas très bien ton lit, ben il faut que tu laves tout avec de l’eau de javel parce que ça va laisser vos microbes ici, vous les Africaines on sait pas si vous avez le sida ou des trucs comme ça, faut bien nettoyer”»