Mercredi 25 octobre, dès l’aube, la police a évacué le camp de Roms établi depuis trois mois rue Hegels, à Lomme. Au lendemain des faits, les 55 personnes expulsées ont tenté de retrouver dans l’urgence de quoi se reloger, puisque les caravanes ont (visiblement) été saisies.
Aux abords de l’Esplanade de la Paix, à Lille, au bout d’un chemin boueux, un camp de Roms installé là depuis 3 mois, a doublé son nombre de résidents en seulement un jour. La cause : l’expulsion, la veille du camp de la rue Hegels, à Lomme. Parmi les nouvelles familles présentes sur place, Pétro, père de trois enfants, travaille dans l’entretien. Il a su trouver une nouvelle caravane dès mercredi : « La police ne voulait pas nous laisser nos caravanes, on a dû dégager sans dire un mot », se désespère Pétro, qui en est à plus de 10 expulsions depuis qu’il est arrivé en France. Dominique Plancke, bénévole pour le collectif Solidarité Roms et ancien élu écologiste, affirme qu’il faut trouver deux caravanes en urgence, « une famille a dormi sur le parking d’un magasin à Ronchin avec trois enfants en bas-âge. Une autre famille a même dormi dans la rue. Seulement sept personnes ont été mises à l’abri dans un hôtel pour trois jours. Après, ils seront remis à la rue », explique-t-il.
L’éparpillement d’une population
Dominique déplore également le mode de fonctionnement de la préfecture : « Maintenant, la préfecture fait intervenir l’association Coallia, censé proposer des solutions de relogement. Ils se sont rendu sur le camp de Lomme début octobre et ont promis aux familles des solutions. Mais en réalité, on sait que cela annonce une expulsion prochaine », regrette-t-il. « Je ne dis pas qu’ils ne doivent pas faire leur boulot, par contre, ils doivent arrêter de donner des faux espoirs aux familles, qui ensuite se retrouvent dans des situations similaires à aujourd’hui. », affirme- t‑il. Ce mode de fonctionnement a donc provoqué l’éparpillement de toute une population, dont certains restent encore introuvables. « On va mettre au moins une semaine ou deux à retrouver certains d’entre eux. Nous n’avons retrouvé qu’une minorité pour le moment », estime Dominique. Pour cela, le collectif Solidarité Roms composé d’environ dix bénévoles actifs, se rend quotidiennement sur les camps. Ils prennent le temps de discuter avec les familles et essayent de trouver des solutions sur le court et long terme, pour un rythme de vie plus ou moins viable.
Empêcher l’intégration
Étant donné que les Roms occupent des terrains qui ne leur appartiennent pas, le motif d’expulsion est souvent tout trouvé. Mais ces expulsions à répétions ont des conséquences sur la vie de la population Roms : « ça ne facilite pas du tout l’accès à l’école et au travail. Et c’est complètement absurde parce que malgré les expulsions, ils sont toujours là. Les jeunes n’imaginent même pas une autre vie que celle en France. »
ndr : malgré nos sollicitations , la préfecture du Nord n’a pas répondu à nos questions.