Qu’on la craigne, qu’on l’aime ou qu’on la déteste, lorsqu’il est question de femmes puissantes et des médias, impossible de ne pas penser à Anna Wintour, rédactrice en chef de Vogue, aux États-Unis. Inspiratrice de livres, de films (Le Diable s’habille en Prada) et surtout de mode, comment celle qui est considérée comme la femme la plus influente du monde dans l’industrie fashion a imposé son magazine comme guide ultime de la femme riche et tendance ?
Vogue porte bien son nom, “ça n’est pas juste un magazine, vous savez, c’est comme Coca-cola ou Nike, c’est une marque énorme”, voilà comment Anna Wintour décrit sa précieuse bible mode. Publiée en 1892 pour la première fois et créée par Arthur Baldwin Turnure, la revue, dès ses débuts, se concentre sur la mode, un peu sur la poésie et les nouvelles. Même si le magazine se destine déjà à un lectorat mondain, il ne se ferme pas à des lectrices moins fortunées, avec la création d’un guide d’achat pour les plus petits budgets. En 1909, après la mort de son créateur, Vogue est racheté par Condé Nast. Son influence internationale est enclenchée bien avant l’arrivée d’Anna Wintour aux commandes, des années 1920 à 1950, le magazine mute pour incorporer Vanity Fair à son contenu, et crée un numéro exclusivement dédié aux réalisations économiques et culturelles américaines. C’est aussi à cette époque que des numéros alias de Vogue sont créés à l’étranger ; en Angleterre et en France (la version française du magazine est supprimée pendant la guerre). Anna Wintour arrive aux commandes de Vogue États-Unis en 1988 et devient directrice artistique de Condé Nast en 2013, son expérience et sa détermination l’amène à être responsable du contenu mondial du groupe en 2020.
Lors de la fashion week, un simple hochement de tête et toute la rangée applaudit, une simple moue et tout le monde critique le défilé. Là où certaines personnes ne voient qu’une couleur ou un bout de tissu, Anna Wintour voit une histoire, une tendance, une économie entière. C’est elle qui permet l’émergence de jeunes créateurs (tels que Wang ou Schouler), des shootings en extérieur, des streets-styles ou des célébrités en couverture de Vogue. En d’autres termes, c’est elle qui voit plus loin et qui repousse les frontières de la revue. Vogue devient le référent mode et beauté des femmes, avec un cœur de cible (pour Vogue France) des femmes entre 25 et 49 ans, dans la classe sociale CSP ou CSP+. Et pour cause, le magazine est conçu de telle sorte que n’importe quel fan de shopping sache où acheter, quels vêtements et comment les porter pour être adulée de tous : Vogue dispose d’une catégorie mode, beauté, lifestyle, culture, défilés, vidéo, e‑shop, shopping et festival.
Le nouveau défi d’Anna Wintour désormais, est de perdurer cette influence en adaptant le magazine aux nouveaux supports de diffusion ; les sites internet et surtout, les réseaux sociaux. En particulier Instagram qui permet aujourd’hui aux influenceuses mode d’être proches de leurs cibles et d’inciter à la consommation plus rapidement.