Face à l’anxiété qui s’accentue chez les jeunes, des médicaments délivrés sans ordonnance à destination des jeunes génèrent des profits colossaux. Mais ces médicaments en libre accès éloignent parfois les patients de thérapies plus efficaces.
En France, les jeunes sont près de 41 % à être touchés par des troubles de l’anxiété selon la récente étude de l’université de Bordeaux. Ce trouble mental courant reste toutefois un bon levier marketing pour les groupes pharmaceutiques. Au comptoir des pharmacies, « des remèdes miracles » sont délivrés sans ordonnances et promettent des grandes vertus (réduction de l’anxiété, meilleure concentration…). Ces produits qui ne sont pas des produits anxiolytiques – délivrés sous ordonnance – sont constitués de vitamines, de minéraux et de plantes. « La publicité de ces traitements peut créer une perception exagérée du danger de l’anxiété et inciter les jeunes à se médicaliser pour des symptômes normaux », explique Jeanne Bounamar, psychologue clinicienne. L’industrie pharmaceutique ne s’y trompe pas : les jeunes représentent un marché juteux. En France, en 2023, il a atteint une valeur globale de 240 millions d’euros selon l’Ipsos*. Ces groupes ne lésinent pas sur les moyens pour atteindre leur cible. Des stratégies marketing offensives et ciblées sont déployées.
Des pratiques marketing responsables et éthiques ?
Publicités télévisées, campagnes sur les réseaux sociaux, sponsoring d’événements étudiants, rien n’est laissé au hasard pour influencer cette génération. « Je consommais des médicaments qui apparaissaient dans mes publicités Instagram. Mais j’ai rapidement développé des effets secondaires comme la fatigue, la prise de poids et la perte de libido », partage Clara, étudiante à Lille. Les jeunes cherchent souvent des remèdes qui agissent rapidement, quitte à délaisser les consultations chez les psychologues. Pour Jeanne Bounamar, « ces groupes pharmaceutiques ont un intérêt financier à discréditer les alternatives naturelles aux médicaments anti-anxiété, comme la thérapie ou la méditation. » Docteur en recherche pour le groupe pharmaceutique Sanofi, Dr Mawalou, explique que cette réticence envers les groupes « Big Pharma » est infondée : « Il faut arrêter de voir les grands groupes pharmaceutiques comme les démons de ce monde. […] Nous essayons de trouver un équilibre entre informer les gens et les empêcher de surmédicaliser. Chez Sanofi, on a d’ailleurs mis en place des codes de conduite stricts pour garantir que nos pratiques marketing sont responsables et éthiques. » Ces remèdes sont consommés par les jeunes afin de traiter des problèmes passagers. Mais lorsque le problème persiste, ils ne doivent pas exclure une consultation chez un professionnel de santé.
*Ipsos : spécialiste mondiale du sondage marketing sur l’opinion et la recherche sociale