Les rues pavées de Saint-Gilles, les façades haussmanniennes d’Ixelles, les buildings modernes du quartier européen… Bruxelles a mille visages. Et c’est justement ce qui plaît aux réalisateurs. Depuis quelques années, la capitale belge est devenue un terrain de jeu pour les productions cinématographiques et publicitaires.
Une ville aux mille visages
« On nous demande souvent : est-ce que vous avez un quartier qui ressemble à Paris ? À Londres ? À Berlin ? Et la réponse est presque toujours oui », explique Nina Strynckx membre de la Commission du Film de Bruxelles. « Bruxelles est une ville très internationale, avec une diversité architecturale qui permet de recréer beaucoup d’ambiances sans avoir à se déplacer trop loin. », rajoute-t-elle. Saint-Gilles et Ixelles, avec leurs immeubles de style français, séduisent particulièrement les productions hexagonales. « Beaucoup de boîtes françaises viennent tourner ici parce que c’est moins cher qu’en France », explique-t-elle. En effet, contrairement à Paris, Bruxelles ne facture pas de taxe de tournage dans tous ses quartiers, ce qui représente un atout majeur pour les budgets serrés. Mais ce n’est pas tout : la ville dispose aussi d’une immense base de données recensant des centaines de décors potentiels, du café typique à la place futuriste. « On peut nous appeler en nous disant : je cherche une rue qui ressemble à telle époque, avec telle ambiance, et on trouve. » annonce fièrement la coordinatrice de la Commission.

Un boom depuis le Covid
La Commission du Film de Bruxelles existe depuis 2016, mais c’est véritablement après la crise du Covid que la tendance s’est emballée. « Pendant la pandémie, les sociétés de production européennes ne pouvaient plus voyager trop loin. Bruxelles a été une solution évidente », indique la jeune femme. Résultat : une explosion des tournages. En 2024, la ville a accueilli 300 productions, dont 61 publicités, des longs-métrages, des émissions télévisées et des tournages de drones. Si la Belgique reste largement en tête avec 260 tournages, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et les Pays-Bas investissent aussi de plus en plus la capitale. « Le centre-ville est le lieu de tournage le plus demandé, c’est là où tout est plus simple d’accès », précise un autre membre de la Commission. Mais les équipes explorent aussi d’autres communes en fonction des besoins.
Un moteur économique pour la ville
Derrière cette frénésie du cinéma, c’est tout un écosystème qui en profite. Hôtels, restaurants, services techniques… Les tournages génèrent une activité économique considérable. Quand une grosse production s’installe, ce sont des dizaines, voire des centaines de personnes à loger, nourrir et transporter. Avec une réglementation plus souple, une équipe dédiée pour accompagner les productions et une diversité de décors impressionnante, Bruxelles s’impose progressivement comme un acteur clé du cinéma européen. Alors, après Londres et Paris, la capitale belge pourrait-elle devenir le prochain hub du cinéma en Europe ? « On n’en est peut-être pas encore là, mais on y travaille ! », conclut Nina Strynckx avec un sourire.