Octobre Rose, c’est le mois où la prévention du cancer du sein, qui touche les femmes comme les hommes est mis en avant à travers diverses actions organisées dans toute la France. La ville de Lille participe à ce mouvement et organise divers événements. Informer, témoigner, comprendre sont les maîtres mots de ce mois d’octobre pour expliquer aux habitants de la métropole les symptômes de cette maladie.
Une vie qui bascule en quelques secondes
« Je me revois attendre les résultats de la mammographie il y a déjà 10 ans. La praticienne arrive et m’annonce voir une masse. C’est un cancer. Ce jour-là, ma vie a basculé » se souvient Jeanne, 60 ans, à la retraite. Pour autant, sa vie ne s’est pas arrêtée à cette phrase. Elle a enchaîné les rendez-vous médicaux et les traitements pendant de longues années. « J’ai voulu vivre ma vie comme avant cette annonce. » Et c’est ce qu’elle a fait. Jeanne a continué les séances de sport, la cuisine, la pâtisserie, jouer avec ses enfants et faire du shopping. « J’ai eu des baisses de moral, des moments où j’étais beaucoup moins en forme presque sans force », explique Jeanne. Mais elle a toujours réussi à se relever grâce à l’aide de ses proches et surtout de sa famille.

Un combat, deux réalités
A l’inverse, d’autres, comme Odile, rencontrent beaucoup de difficultés face à la maladie. « J’ai été diagnostiquée en 2021, théoriquement il me reste un an de traitement mais il y a eu pas mal de délai entre chaque examen médical pour dépister mon cancer du sein. » Suivie depuis l’âge de 30 ans en raison d’un terrain familial — sa tante et sa cousine ont été touchée par la même pathologie — Odile réalisait des mammographies tous les deux ans : « La mammographie ne montrait rien, mais c’est à l’échographie qu’ils ont vu quelque chose. » Son parcours de soin a ensuite enchaîné les étapes : « J’ai eu une mastectomie partielle, puis six semaines de radiothérapie tous les jours. Ensuite, j’ai commencé l’hormonothérapie, pour cinq ans. » Elle décrit un traitement éprouvant, mais nécessaire : « L’hormonothérapie, c’est fatigant. Moi, j’ai eu la chance d’avoir déjà eu ma ménopause, mais pour les femmes plus jeunes, le traitement est plus lourd et peut fragiliser les os. » Et même si les médecins considèrent qu’au bout de cinq ans, on peut parler de guérison, Odile reste prudente : « Pendant ce temps, il peut toujours y avoir des récidives, ou un autre cancer. » Malgré tout, elle a choisi de reprendre rapidement une vie active : « J’ai choisi d’être arrêtée seulement quatre mois. Dès que j’ai pu, j’ai préféré revenir au travail. »
Des tables rondes pour informer
C’est justement pour répondre à ces écarts d’expérience que l’Institut Pasteur de Lille organise, tout au long du mois, des tables rondes intimistes. Alexandre Delobel, chargé de communication, insiste sur leur rôle : « Nous faisons le lien entre la prévention, qui reste la meilleure arme contre le cancer du sein, et la recherche médicale, avec des équipes plus proches des patients. » Ces rencontres permettent aux oncologues d’expliquer les étapes du traitement, du dépistage à la reconstruction, mais aussi aux patient(e)s de partager leur vécu — les réussites comme les manques. « Chaque atelier est orienté soit sur une action de prévention, soit sur la recherche, soit sur des échanges avec un patient qui explique son processus de guérison et les points à améliorer du système médical. »

Soixante mille femmes touchées en France
Lors d’une table ronde organisée avec le Centre Oscar Lambret, les docteures Audrey Mailliez et Claudia Regis ont rappelé les enjeux cruciaux du dépistage et du traitement du cancer du sein, qui touche chaque année 60 000 femmes en France, dont 3 000 de moins de 40 ans. « Le fait de naître petite fille donne 13 % de chance de développer un cancer du sein au cours de sa vie », souligne la Dr Mailliez. Elle rappelle que ce cancer, le plus fréquent chez la femme, peut être guéri dans 9 cas sur 10 s’il est détecté tôt. Pourtant, en 2024, seulement 42 % des femmes de la tranche d’âge recommandée ont réalisé une mammographie. Le dépistage organisé, proposé tous les deux ans entre 50 et 74 ans, reste un outil essentiel. « C’est une chance, car on vous invite à consulter des spécialistes agréés de la mammographie », insiste la Dr Regis. Elle déplore toutefois un décalage entre l’offre de dépistage et l’adhésion réelle des patientes. Le centre propose également un « Parcours rose », permettant en une demi-journée de rencontrer les spécialistes nécessaires à une prise en charge rapide.
Les rendez-vous peuvent être programmés par téléphone au : 03 20 29 56 00.