Ce 20 mars 2025, des égyptologues, membres d’une expédition archéologique sur le site de fouilles de Tell Roud Iskander, au nord-est de l’Égypte, se félicitent de la découverte d’une tombe, conservée dans un état authentique. De riches objets déposés dans la chambre funéraire orientent et affinent les recherches sur le statut du défunt : les spécialistes supputent que la sépulture protège, depuis plus de 3 000 ans, la momie d’un gradé militaire du règne du pharaon Ramsès III.
Une myriade de trésors et mystères de l’Égypte antique repose paisiblement dans le silence de l’obscurité de caveaux inviolés, ensevelis sous des terres ensablées. La Vallée des rois, voisine de la ville de Louxor sur la rive ouest du Nil, ou encore la nécropole de Saqqarah, au sud du Caire, résonnent comme les royaumes des morts les plus emblématiques de l’ère pharaonique. À ces deux sites de haute richesse archéologique s’ajoute maintenant celui de Tell Roud Iskander, dans la région de Maskhouta. Ce 20 mars, il a été le théâtre de fouilles archéologiques à l’origine de l’exhumation de vestiges d’un tombeau égyptien, scellé depuis 3 200 ans.
Le Conseil suprême des antiquités (SCA) soumet dans un communiqué de presse la forte probabilité que la sépulture antique abriterait la momie d’une figure militaire d’importance, qui aurait officié sous le règne du pharaon Ramsès III, deuxième roi de la XXe dynastie et dernier grand souverain égyptien du Nouvel Empire.
Dissimulé aux yeux des vivants, le mausolée souterrain, construit en briques de terre crue et recouvert de plâtre blanc, impressionne les archéologues par son architecture, dès l’entrée dans la cavité. Le complexe funéraire débouche sur une chambre principale aménagée au centre de trois salles annexes. Cette organisation de l’espace, pour le moins sophistiquée, expose la taille de l’édifice érigé à la hauteur du statut du défunt.
De précieuses offrandes spirituelles, ou reliques d’une carrière prestigieuse
À son ouverture, la tombe laisse découvrir à la lumière du jour des objets funéraires entreposés dans la pénombre depuis plus de trois millénaires, pour accompagner l’âme du défunt dans son voyage vers l’au-delà : une petite boîte en ivoire, une collection de perles et pierres semi-précieuses, ainsi que des vases en albâtre, en bon état général de conservation et soigneusement décorés de gravures et résidus de couleurs. Un anneau en or, gravé du sceau du souverain Ramsès III, habille la main du haut dignitaire égyptien.

Les archéologues extraient également du tombeau des pointes de flèche en bronze et les fragments d’un sceptre cérémoniel. Ces pièces se parent ainsi d’une valeur historique significative, puisqu’elles révèlent les liens politiques et militaires tissés de leur vivant entre le défunt, à l’identité pour l’heure inconnue, et le pharaon Ramsès III. Cette sépulture appartient donc probablement à une figure centrale dans la défense du royaume, qui occupait un poste militaire considérable dans l’ancienne société égyptienne, souligne le ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités. Il semblait détenir un rôle clé dans la hiérarchie militaire de son époque comme commandant de haut rang.
Une tombe scellée, réceptacle des mœurs funéraires de la société égyptienne d’autrefois
Les chercheurs ont décelé des traces de cartonnage funéraire sur le squelette de la momie, estimées appartenir à une époque postérieure à la construction de la tombe. Le cartonnage est une technique de momification qui requiert des couches de fibre entrelacées de toiles de lin ou papyrus, stuquées puis enduites de peintures. Pratiquée par les anciens embaumeurs égyptiens, sa datation « suggère la possibilité d’une réutilisation ultérieure » de la tombe, sans que cela n’affecte pour autant sa charge symbolique et spirituelle, poursuit l’autorité.

Cette superposition de différentes temporalités au sein même du tombeau explique notamment la découverte de deux cartouches portant le nom d’Horemheb, l’un des plus grands souverains guerriers de la XVIIIe dynastie, compilés à celui du roi Ramsès III imprégné sur le bijou en or.