Depuis vendredi dernier, le Chili est confronté à une tragédie sans précédent, avec au moins 112 vies perdues dans des incendies dévastateurs. Dans la région de Valparaiso, située au cœur du pays, des quartiers entiers ont été engloutis par les flammes, laissant derrière eux un paysage d’apocalypse.
Ce désastre constitue la pire catastrophe en termes de vies humaines au Chili au cours de la dernière décennie. Les équipes de secours sont actuellement dépassées par la situation, alors qu’une trentaine de foyers de feu demeurent actifs, menaçant des zones touristiques prisées. L’état d’exception est en vigueur depuis deux jours, témoignant de l’ampleur de la crise. À ce jour, les flammes gigantesques ont détruit plus de 3 000 habitations et ravagé environ 43 000 hectares de forêts.
La proximité entre les zones densément peuplées et les étendues forestières explique en partie le nombre élevé de victimes. De plus, l’habitat précaire érigé dans des zones théoriquement destinées à servir de coupe-feu a favorisé la propagation rapide du feu. Selon Miguel Castillo, un ingénieur forestier chilien, les combustibles variés rencontrés par les flammes, tels que les décharges, les arbustes et les maisons en bois, rendent « extrêmement difficile la lutte contre l’incendie ».
En outre, deux facteurs majeurs ont amplifié la propagation des incendies. D’une part, une vague de chaleur exceptionnelle, avec des températures extrêmes. Un épisode qui est attribuable au dérèglement climatique et au phénomène climatique El Niño. D’autre part, des vents violents ont attisé et dispersé les flammes, aggravant encore la situation.
Un dérèglement climatique meurtrier
Depuis mercredi dernier, les températures ont grimpé jusqu’à frôler les 40 degrés dans le centre du Chili et à Santiago, la capitale. Ces épisodes de chaleur extrême sont devenus de plus en plus fréquents en Amérique du Sud. Pablo Lobos Stephane, expert chilien, explique que cela se traduit par « l’établissement régulier de nouveaux records de températures ». Cette canicule résulte du phénomène climatique El Niño, qui sévit actuellement dans le cône sud de l’Amérique latine pendant la saison estivale.
Le retour de El Niño à la mi-2023, surnommé « l’enfant terrible du climat », a été un catalyseur majeur des records de chaleur, selon les observations de l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Ce phénomène océanique remarquable, induit des modifications significatives dans la température des eaux de l’océan Pacifique. L’OMM souligne que ce phénomène climatique, bien que cyclique, a des répercussions profondes sur le climat mondial, influençant les schémas météorologiques et exacerbant les extrêmes climatiques.
Dans le continent sud-américain, après le Chili et la Colombie, l’Argentine, le Paraguay et le Brésil sont également menacés par cette vague de chaleur, entraînant la mise en place de couvre-feux nocturnes et de nouvelles évacuations. Face à cette catastrophe, l’Union européenne, par le biais de son chef de la diplomatie, Josep Borrell, s’est engagée à apporter son soutien dans ces moments difficiles, soulignant que « ces incendies dévastateurs mettent en lumière les ravages causés par la sécheresse et le changement climatique ». Le ministère français des Affaires étrangères a également exprimé sa solidarité avec le peuple chilien et son gouvernement, affirmant sa « disponibilité » à fournir toute l’aide nécessaire dans cette épreuve.