En ce début d’année 2025, la Loire-Atlantique, l’Ille-et-Vilaine et le Morbihan ont subi d’importantes inondations. Placés en vigilance rouge jusqu’au 1er février, ces trois départements sont toujours en alerte jaune.
Après le passage des tempêtes Herminia, Eowyn et Ivo, des crues historiques ont été observées en Bretagne. Dans la commune de Guémené-Penfao (Loire-Atlantique), Météo France enregistrait le 30 janvier dernier une pluviométrie de 226 millimètres en quatre jours, soit l’équivalent d’un mois de pluie en temps normal. Richard Hervé, conseiller municipal confirme : « on n’a jamais eu autant d’eau à Guémené ». Sur les 5500 habitants de la commune, une cinquantaine a dû être évacuée. Les Guémenéens comptent alors sur la solidarité entre riverains. Le camping municipal a notamment proposé son aide aux sinistrés.
La Bretagne : un territoire vulnérable
Il faut dire que le territoire breton est particulièrement vulnérable, puisque traversé de rivières, de marais et de canaux. C’est notamment le cas de la commune de Guémené-Penfao qui est arrosée à la fois par la Vilaine au nord et par le Don au sud. En outre, Lucas Thénard, enseignant-chercheur spécialiste en hydromorphologie et risques naturels ajoute qu’en Bretagne, « les sols sont peu perméables et très minces ». Ainsi, ils saturent très vite, ce qui accroît le risque d’inondations.
Réintégrer les dynamiques naturelles
Lucas Thénard, enseignant-chercheur spécialiste en hydromorphologie et risques naturels, évoque pour nous le phénomène d’inondations.
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Est-ce que le phénomène d’inondations est plus fréquent qu’avant ?
C’est le risque naturel le plus fréquent dans le monde : entre 60 et 75 % des événements recensés relèvent d’une inondation. Les choses évoluent, à l’évidence, mais en réalité, c’est la vulnérabilité des populations qui s’est accentuée puisque leur degré d’exposition a augmenté. La croissance démographique s’est accompagnée d’une urbanisation, souvent à proximité des cours d’eau, qui ont une instabilité chronique et normale. On a urbanisé des zones qu’on savait inondables.
Ces inondations sont-elles liées au changement climatique ?
Il est trop tôt pour savoir si elles constituent des effets du réchauffement climatique. On a peu de recul et la vitesse du réchauffement climatique nous laisse beaucoup d’incertitudes. Ce qui est sûr, c’est que le réchauffement climatique induit de plus en plus d’extrêmes, en termes de températures, de sécheresses, mais aussi de charges d’eau. L’atmosphère est plus chaude et moins dense. Elle peut donc contenir plus de vapeur d’eau qui peut possiblement se décharger. Les anomalies chaudes dans les bassins océaniques vont être amenées à s’accentuer dans le futur. On devrait voir de plus en plus d’années extrêmes en termes d’absences ou d’excès de précipitations, augmentant la probabilité que des événements dommageables plus intenses surviennent.
Existe-t-il des solutions pour atténuer ces risques à l’avenir ?
Pour faire simple, il faut réintégrer les dynamiques naturelles dans notre manière d’habiter le monde. En matière d’aménagement, il faut laisser les cours d’eau s’étendre sans mettre en danger les populations. Il est très fréquent qu’on accentue des problèmes globaux en réglant des problèmes locaux, et inversement. Je pense que les acteurs publics ne sont pas les seuls à pouvoir agir. Des acteurs privés comme les assureurs pourraient influer sur ces mutations. Aujourd’hui, on est encore dans une logique de reconstruction à l’identique. Or, on pourrait flécher les fonds alloués pour reconstruire à une incitation à s’implanter dans une zone moins à risque. Les tarifs des contrats pourraient être revus à la baisse en ce sens. La vulnérabilité des personnes diminuerait, et sur le long terme, le coût des événements serait moins élevé.