En Espagne, près de la région de Valence, plus de 202 personnes ont été tuées en raison de gigantesques inondations causées par des pluies cataclysmiques. En ce moment, le sud-est de la région reste pratiquement isolé du reste du pays, certains villages demeurant inatteignables pour les services de secours.
Une évacuation à Alfafar, dans la province de Valence, en Espagne, le 1er novembre 2024.
Avec plus de 202 morts et des dizaines de disparus, le bilan provisoire des victimes du pire cataclysme de l’histoire du pays est terrifiant. Le président de la région de Valence, Carlos Manzon, a rassuré ses concitoyens en affirmant que « 200 opérations de sauvetage terrestres et 70 aériennes » avaient eu lieu aujourd’hui avec notamment l’emploi d’hélicoptères pour retrouver les personnes disparues dans les décombres. L’explication la plus plausible est que ces inondations ont été provoquées par un phénomène de « goutte froide ». Il s’agit en effet d’une dépression isolée, avec, en altitude, de l’air très froid, et en basse couche de l’air chaud. « Un cocktail explosif provoquant un très fort conflit de masses d’air et qui se matérialise par de puissants cumulonimbus* selon les explications d’Yann Amice, climatologue.
Néanmoins, si L’Espagne a bien connu des séquences de « gouttes froides » similaires ces dernières années, il n’existe rien de comparable à ce qui vient de se passer à Valence. L’orage a entraîné près de 500 millimètres de pluie selon les régions, dont près de 350 mm en quatre heures entre 16h30 et 20h30. L’équivalent, en quelques heures, donc, de neuf mois de pluie à Paris. Effroyable. Bien que des doutes persistent dans la communauté scientifique, ce qui s’est passé à Valence ces dernières heures, une ville d’environ 800 000 habitants, est à rapprocher des épisodes cévenols en France.
Le phénomène de la “goutte froide” : un phénomène climatique accentué par le dérèglement climatique
Si le phénomène de “Dana” (dépression à l’altitude d’origine non-tropicale, communément appelé « goutte froide ») est qualifié d’exceptionnel, il est également aggravé par la bétonisation des sols. Emma Haziza, hydrologue et spécialiste de l’adaptation du climat, souligne dans le JT de TF1 que la bétonisation des grandes métropoles urbaines a un impact considérable dans l’amplification des catastrophes climatiques. “La bétonisation des villes a une importance cruciale dans les images que l’on voit, parce qu’on comprend qu’on n’a plus, depuis des décennies, laissé la place à l’eau pour pouvoir s’écouler dans nos villes”.
Les scientifiques alertent aujourd’hui sur l’intensification des événements météorologiques extrêmes, appelés à devenir plus mortels et violents à cause du réchauffement climatique. Selon Evelyn Dhéliat, cheffe du service météo de TF1 : “La goutte froide se forme lorsqu’une masse d’air chaud venu du sol rencontre de l’air froid en altitude(…) En outre, plus l’écart de température est grand, plus les nuages sont gros et gorgés d’eau”. Autrement dit, avec la température anormalement élevée de la mer Méditerranée, l’évaporation est plus importante et rend l’eau plus humide. Par conséquent, au moment où l’eau évaporée entre en contact avec un air froid en altitude, cela conduit à la création de pluies puissantes et destructrices. Face à sans aucun doute la “goutte froide du siècle”, les autorités espagnoles appellent la population à la prudence et soulignent que “Le phénomène climatique continue à faire des ravages. » selon Pedro Sanchez, président du gouvernement ibérique.
*la surface grisâtre d’un orage