Ce sera le bouquet final de nos Jeux à Paris, le 10 août, sur la Place de la Concorde. C’est sous l’obélisque que se tiendra la première édition de breakdance au niveau olympique. Une conférence au Flow, dans le quartier Moulins de Lille, s’organisait autour de ce tournant pour le breakdance. Nous avons pu en profiter pour interroger des acteurs endurcis de la culture hip-hop.
À chaque édition, le Comité International Olympique, choisit cinq sports qui entreraient à valeur d’essai dans la compétition. Si en 2024 le break fait son entrée, il ne sera pas à nouveau représenté dans l’édition suivante, à Los Angeles, en 2028. Pourtant la discipline nous vient des États-Unis. Pilier intègre de la culture hip-hop, elle naît à New-York vers la fin des années 60, pour arriver en France en 1982.
Dès ses débuts, il passionne Sheyen Gamboa, future journaliste Eurosport, qui couvre la culture hip-hop depuis son plus jeune âge. Pour elle, il est indéniable que cela a facilité la professionnalisation des Bboys et des Bgirls (terme employé pour breakdancer). Le fait d’avoir transformé cette danse en un sport et même en une discipline athlétique attire les sponsors et facilite la tâche pour vivre de la compétition. Cependant elle craint « la maltraitance médiatique récurrente » sur le hip-hop, même si « le capital sympathie du break serait plus important que pour le rap » réagit Malik Moujouil.
Certains reproches sont faits à l’organisation
Valentine Nagata Ramos a fondé sa propre école de break en France, tandis que Yannick Routtier est porteur de projets actif dans la région. Ils insistent sur la nécessité de ne pas perdre de vue ce qu’est le break avant de l’afficher dans une telle vitrine. En effet, à l’origine c’est une danse de rue, pratiquée avec simplicité, fondée sur le partage avec le public. « C’est dans l’émotion et l’instant que l’on élit le vainqueur » lors des battles qui opposent les compétiteurs.
Or, avec les J.O, le besoin de satisfaire un esprit d’équité et de rassurer les pays et sponsors derrière les athlètes se fait sentir, et des jurys ainsi que des critères stricts de notation sont mis en place. Certains membres de la communauté du break reprochent à ses praticiens son institutionnalisation, qui irait à l’encontre de son esprit même, notamment en passant d’une pauvreté extrême au summum de l’opulence scénique.
Le problème de la musique et des financements
Il y aussi un grave problème pour cette danse en compétition à cause de sa musique, souvent remixée par un DJ (considéré comme la pierre angulaire de la culture hip-hop). En effet, le droit d’auteur empêche les DJ d’utiliser les sons et sample de leur choix lors des compétitions rediffusées, notamment des classiques.
« Tout le monde veut un James Brown, pourtant il n’y en aura probablement pas même si ça reste en discussion » regrette Malik Moujouil, responsable des projets du Flow et lui-même Bboy. « Et il y a aussi un problème culturel majeur en France » poursuit-il. « S’il est vrai que le break profite énormément des subventions et de l’État providence en matière de culture, cela met des œillères aux acteurs de projets dans le domaine. Ils ne se retroussent pas les manches pour aller chercher des financements privés et durables alors qu’avec les J.O ils sont à portée de main et risquent de disparaître après l’évènement ».
Des opportunités à saisir et à ne pas manquer pour les acteurs du breakdance. L’avenir nous montrera quelle place cette danse arrivera à se réserver.