Le 24 octobre, une pétition lancée en Île-de-France après l’agression d’une jeune femme dans le RER C a relancé le débat sur le sentiment d’insécurité des femmes dans les transports. À Lille, comme ailleurs, de nombreuses usagères adaptent leurs trajets, leurs horaires et leurs sorties pour se protéger.
Une vigilance quotidienne
Marcher vite, baisser les yeux, changer de quai… Dans les transports en commun, de nombreuses femmes adoptent ces gestes pour éviter les regards insistants ou les situations inconfortables. Chaque trajet se transforme en véritable parcours d’obstacles silencieux : il faut s’assurer que son téléphone est chargé, rester proche d’autres passagers et anticiper les stations isolées ou mal éclairées.
À Lille, cette vigilance se traduit de manière concrète. Constance, 22 ans, habitante de Lambersart, confie : « J’évite de prendre le métro la nuit ou alors je ne le prend jamais seule. » Léa, 26 ans, témoigne également : « Je change parfois d’itinéraire pour éviter certaines stations mal éclairées ou des arrêts trop isolés. »
3 374 victimes dans les transports en commun en 2024
La préfecture du Nord a recensé en 2024 pas moins de 246 signalements d’agressions ou d’incidents à caractère sexiste ou sexuel dans les transports lillois. Un chiffre en légère hausse par rapport à l’année précédente. Cette tendance rejoint un constat national : les violences sexuelles dans les transports ont augmenté de 86% en dix ans, touchant majoritairement les femmes. D’après un communiqué du ministère de l’Intérieur du 11 mars 2025, 3374 personnes ont été victimes de violences sexuelles dans les transports en commun en 2024, soit 6 % de plus qu’en 2023.
Des initiatives pour protéger les usagères
La pétition lancée en Île-de-France a recueilli plus de 20 000 signatures pour réclamer des wagons réservés aux femmes et aux enfants.
À Lille, la sécurité est renforcée par différents dispositifs, comme les caméras dans les rames et les stations, la présence d’agents et des numéros d’urgence accessibles aux passagers. Certaines associations locales organisent également des « marches exploratoires » pour identifier et signaler les points noirs du réseau. Des applications comme Sorority, dédiée à la sécurité des femmes, permettent aux usagers de signaler des zones à risques et de partager sa localisation en cas de danger.
L’insécurité sera un thème abordé aux Rencontres nationales des Transports publics qui réunissent à partir de mardi élus et opérateurs à Orléans.