Chaque année, le 8 mars marque la Journée internationale des droits des femmes, une occasion de mettre en lumière les inégalités persistantes et de revendiquer un monde plus égalitaire. Cette année, la journée a été marquée à Lille par des manifestations rassemblant des centaines de personnes, déterminées à faire entendre leur voix sur des sujets cruciaux comme les violences faites aux femmes et les féminicides.
Une mobilisation forte à Lille
Dans les rues de Lille, les slogans et les pancartes dénonçaient des injustices encore trop présentes. Les manifestants réclament notamment une meilleure prise en charge des victimes de violences, une justice plus efficace et des moyens financiers accrus pour les associations d’aide aux femmes. Les féminicides sont un thème majeur de cette lutte.
La parole d’une membre de l’association #NousToutes
Cette association lutte activement contre les violences sexistes et sexuelles. Elle met en avant l’importance du terme « féminicide » pour qualifier ces crimes commis en raison du genre de la victime. Selon Marie, membre de #NousToutes, « utiliser un terme précis permet de reconnaitre la spécificité de ces meurtres et de visibiliser l’aspect systémique du féminicide ». Elle insiste aussi sur la nécessité d’élargir la définition : « Pour #NousToutes, un féminicide est un acte commis en fonction du genre de la victime. Il ne se limite pas aux violences conjugales mais englobe aussi les féminicides sociaux et familiaux ».
Malgré une augmentation de son usage dans les médias, le terme reste souvent cantonné aux crimes conjugaux, ce qui occulterait environ 25% à 30% des féminicides, selon les données recueillies par l’association. Marie met en lumière les biais médiatiques : « Certains féminicides sont massivement couverts, notamment ceux qui présentent des éléments sensationnalistes, tandis que d’autres, comme ceux des travailleuses du sexe, restent invisibles ».
Elle souligne également l’impact de la médiatisation sur la prise de conscience collective : « Plus la presse en parlera, mieux elle en parlera, plus la société comprendra l’ampleur du phénomène ». L’un des grands défis consiste à faire évoluer le traitement médiatique de ces crimes : « Il est essentiel que les médias cessent de reléguer ces affaires dans la catégorie « faits divers » et les considèrent comme des enjeux de société ».
Les enjeux médiatiques et politiques
L’un des problèmes majeurs reste donc la catégorisation des féminicides comme de simples « faits divers » plutôt que comme une question de société. La militante insiste sur l’importance de replacer les victimes au centre du discours, d’éviter la romantisation des meurtriers et de donner une visibilité élargie à toutes les formes de féminicides.
Des avancées peuvent toutefois être constatées. L’utilisation du terme « féminicide » a fortement progressé dans les médias ces dernières années, et la sensibilisation du grand public s’est renforcée. Des politiques publiques commencent à intégrer ces enjeux dans leurs programmes, bien que des efforts restent à faire pour un engagement plus structuré et durable.
Les mobilisations du 8 mars montrent une prise de conscience grandissante et un engagement citoyen fort en faveur des droits de femmes. La visibilité accrue des féminicides et des violences sexistes dans le débat public constitue une avancée significative. Si des défis persistent, la dynamique actuelle montre que les mentalités évoluent et que des actions concrètes sont entreprises pour faire progresser l’égalité et la protection des femmes. Ce mouvement, porté par des militantes, des associations et des citoyens engagés, continue d’influencer positivement la société et laisse entrevoir des perspectives encourageantes pour l’avenir.