En août 2024, l’Organisation mondiale de la Santé a rendu un rapport alarmant sur le taux très élevé des rapports sexuels non protégés chez les jeunes Européens. 30% des adolescents ne portent pas de préservatif lors de leurs rapports sexuels, entrainant une augmentation importante des infections.
« L’utilisation des préservatifs est en diminution et la fréquence des IST augmente, c’est également visible en consultation, constate Julia, sage-femme de Paris. Pourtant, l’accessibilité aux préservatifs a été améliorée. » Depuis 2023, ils sont délivrés gratuitement en pharmacie pour les moins de 26 ans. « Nous nous sommes battus pour cette mesure, explique Véronique Séhier, coprésidente du Planning-Familial du Nord. Quand on a besoin de se nourrir, on fait des choix et la santé sexuelle passe après ». Néanmoins, le port du préservatif diminue drastiquement. « Plein de jeunes ne sont pas au courant de cette gratuité », ajoute-t-elle.
Un manque d’accès aux informations
Pour les deux spécialistes, le principal problème est lié au manque d’informations. « C’est en partie lié au manque d’accès à des informations fiables, explique Julia, elles se perdent dans le flux d’informations sur les réseaux sociaux. » Malgré une loi de 2001 obligeant les écoles à fournir trois sessions d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle par an, la France reste mauvaise élève. Le bilan fait état d’un grand déficit dans cet enseignement qui n’est pratiqué que par peu d’établissements. « Il faut préparer les jeunes à une citoyenneté sexuelle, s’indigne Véronique Séhier. Aujourd’hui, on ne meurt plus du Sida, donc les jeunes mal informés pensent que le VIH et les IST, ce n’est pas grave. » La sage-femme relève également une crainte chez les jeunes de se rendre dans une pharmacie car il y a « une peur de devoir donner son identité ou de se voir refuser la demande », explique-t-elle. « Les jeunes doivent être rassurés quant à l’anonymat lors de la demande de préservatifs en pharmacie », conclut-elle.
Qu’en pensent les jeunes ?
« Je ne porte que rarement des préservatifs lors de mes rapports, témoigne une étudiante lilloise souhaitant rester anonyme. Je sais que cela n’est pas bien, mais avant que les préservatifs soient gratuits, cela représentait un coût. Cette diminution du port du préservatif ne m’étonne pas car beaucoup d’hommes ne souhaitent pas en porter. Ils n’aiment pas la sensation. Je fais régulièrement des tests contre les MST. Après être malheureusement tombée enceinte, je me suis fait installer un stérilet ». Alexandre, 22 ans, étudiant à l’Institut catholique aborde : « la gratuité des préservatifs pour les moins de 26 ans est une bonne chose, mais ils devraient l’être pour tous les âges car le risque reste le même à n’importe quel moment de notre vie ! Dans le milieu de la communauté LGBT, on ne porte pas forcément de préservatifs. Je suis conscient que cela est dangereux. Personnellement, si je ne connais pas mon partenaire, j’en porte. Dans ce milieu, il y a très souvent des MST, c’est pour cela que je me fais tester. »