Aider les secours, étudier les forêts ou encore rentabiliser l’énergie en ville… la technologie LiDAR de l’IGN promet de grandes avancées dans le futur. On vous présente cette technologie.
Un projet de taille. La technologie LiDAR (Light Detection and Ranging) mise en place par l’IGN, a pour ambition de cartographier tout le territoire français (outremers compris hormis la Guyane) afin de représenter « le plus finement le sol et le sursol » décrit Sofiane Kriat, chargé de produit altimétrie à l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN). Interview.
Comment fonctionne cette technologie ?
Grâce à un capteur accroché à un avion qui survole la France, on envoie des impulsions lumineuses du proche infrarouge à hauteur de 10 points par mètre carré en moyenne, au fur et à mesure que l’avion avance. Ces rayons lumineux vont ricocher sur la surface du sol – sur les arbres, sur les voitures, sur les bâtiments… – puis qui vont revenir au capteur de l’avion. Le capteur reçoit un retour avec les éléments de position en temps réel de l’avion et le temps que met le signal à revenir au capteur.
À la fin, on obtient un nuage de points modélisé en 3 dimensions qu’on va pouvoir ensuite positionner dans un référentiel géographique (sur une carte) pour en extraire toutes les informations qui ont été cartographiées.
Que pouvez-vous tirer de ces données ?
Avec ces acquisitions LiDAR, on peut obtenir une description très claire et très précise du sursol, par exemple pour les zones urbaines, les cours d’eau, les forêts… ce qui va nous permettre de prévenir certains risques naturels, comme les risques d’inondation à côté des villes.
Si l’eau monte de 50 centimètres dans une rivière, et qu’il y a un quartier à proximité, elle risque de l’inonder. Grâce à ces données, les acteurs locaux vont pouvoir construire des plans de prévention en utilisant uniquement les points au sol de la donnée LiDAR pour prévenir les autorités publiques des zones à évacuer en priorité en cas de catastrophes.
Quelles sont les ambitions avec le LiDAR ?
On va pouvoir proposer une modélisation relativement plus fine de la végétation basse et haute à différents niveaux. Ce qui est utile pour différents acteurs comme l’ONF (Office National des Forêts) pour la modélisation des forêts, connaître leur potentiel, leur volume en bois, leur rendement potentiel… De plus, on a des acteurs sur le terrain pour inventorier ces forêts qui vont abonder ces études pour mieux appréhender leur santé actuelle, comme les dégâts de certains parasites ou des espèces invasives.
On va aussi pouvoir proposer des courbes de niveau plus précises pour connaître le degré des pentes, leur dénivelé, ce qui est très important pour les secours qui doivent savoir sur quel terrain ils évoluent.
Les usages sont très nombreux en réalité : on pourra mieux aménager les villes, mieux subventionner les agriculteurs, avancer la recherche des archéologues…
Des exemples concrets pour les villes ?
Aujourd’hui, lorsqu’on représente des bâtiments, on les représente généralement sous forme de boîte à chaussures. On a leur hauteur, leur largeur, leur longueur, mais on n’a pas leur modélisation fine : leur forme, leurs détails, leur architecture… Le LiDAR nous permet d’avoir toutes ces données en plus. Qui vont être très utiles pour différents acteurs de l’aménagement urbain comme les cabinets d’architectes ou les agences immobilières.
Par exemple, grâce à la modélisation fine des toits, on va pouvoir savoir quelle zone peut recevoir des panneaux surfaces à sa surface, en fonction de l’orientation du bâtiment pour optimiser la réception lumineuse.
Et pour l’archéologie ?
On va aussi pouvoir répondre à davantage d’usage pour l’archéologie, plus la modélisation est fine, plus on voit des choses qui apparaissent vues du ciel. On peut déjà détecter certains renfoncements du sol à 10 ou 20 centimètres qui ne sont pas forcément visibles sur le terrain. Ce qui va aider les collectifs d’archéologues à mieux identifier les zones historiques et retrouver d’anciens villages ou structures aujourd’hui disparus.
Le LiDAR en quelques chiffres…
• Au 12 septembre 2022, plus de 230 000 kilomètres carrés du territoire ont été survolés, soit déjà 42% de l’objectif a été atteint.
• Coût du projet : 60 millions d’euros.
• Taille des données : 3 pétaoctets (= 3 millions de gigaoctets.
• Date de fin prévue : 2025.