Légers, confor­tables mais… vul­né­rables : les nouveaux V’Lille retirés du service

Déployé mi-​septembre, le nouveau V’Lille avait tout pour plaire : plus léger, plus agréable, plus moderne. Mais très vite, l’enthousiasme s’est heurté à la réalité. Fragile à la borne, le vélo est devenu la cible pri­vi­lé­giée des voleurs : plus de 140 exem­plaires ont été dérobés en à peine trois semaines.

Cinq kilos de moins que l’ancien modèle, un cadre en aluminium plus équilibré, une selle réglable en un geste : au premier coup de pédale, le confort est au rendez-vous.
Les vitesses passent enfin sans accrocs, et les freins répondent bien mieux. Sur les pavés du centre, le vélo reste stable et agréable : « Franchement, c’est un autre monde, on sent tout de suite la dif­fé­rence », sourit Sophie, 29 ans, qui l’utilise pour aller au travail.

Mais après quelques jours, un détail intrigue : un léger jeu dans l’attache lorsqu’on raccroche le vélo à la borne. Rien d’alarmant en apparence… jusqu’à ce que le problème s’amplifie.

148 vélos volés, le service suspendu

À peine trois semaines après leur arrivée, le nouveau V’Lille s’est retrouvé victime de son succès… et de sa faiblesse. Selon Ilévia, 148 vélos sur 500 ont été volés, un chiffre spec­ta­cu­laire qui a forcé l’opérateur à retirer tous les exem­plaires du réseau. La cause est désormais confirmée : un défaut de concep­tion au niveau de la patte de fixation. Trop fragile, elle pouvait se casser ou se déso­li­da­ri­ser de la borne sans effort par­ti­cu­lier. « Nous devons renforcer cette partie du cadre et trouver la bonne fixation », reconnaît Franck Garçon, directeur général d’Ilévia. « Il est dommage que la grande majorité des uti­li­sa­teurs soient pénalisés par quelques-​uns » ajoute-t-il.

L’opérateur confirme avoir constaté « un pic de vols ou ten­ta­tives de vols de ce nouveau matériel ». Une tendance qui pourrait, selon lui, « nuire à la bonne exécution du service public et entraver la mobilité des habitants du ter­ri­toire ». Ilévia ajoute ensuite que « des mesures de ren­for­ce­ment tech­niques de sécu­ri­sa­tion des vélos sont déjà en place et d’autres encore à l’étude ».

Des inter­pel­la­tions et des vélos retrouvés

Les forces de l’ordre et Ilévia ont mené plusieurs opé­ra­tions de sur­veillance, abou­tis­sant à des arres­ta­tions et à la récu­pé­ra­tion d’une soixan­taine de vélos. Malgré ce revers, Ilévia assure que le phénomène « n’impacte pas signi­fi­ca­ti­ve­ment la dis­po­ni­bi­lité globale du parc », les anciens modèles restant opérationnels.

Le nouveau V’Lille, fabriqué par Arcade Cycles, repré­sen­tait un inves­tis­se­ment de 5,5 millions d’euros pour la Métropole Européenne de Lille. Son déploie­ment complet, prévu d’ici 2028, est désormais à l’arrêt.

« C’est dommage, le vélo était top », regrette Camille, 24 ans, étudiante à Wazemmes. Le vélo devait sym­bo­li­ser la mobilité douce à la lilloise. Il est devenu, pour l’instant, l’exemple d’un lancement trop rapide.