Conséquence de la censure du gouvernement Michel Barnier, les titres-restaurant n’étaient, en théorie, plus utilisables à compter du 1er janvier 2025. Mardi 14 janvier, le Sénat a définitivement adopté une loi permettant la prolongation des titres-restaurant jusqu’au 31 décembre 2026.
Sur le parking du supermarché, certains clients exultent : « Le retour des titres-restaurant, c’est vraiment une très bonne chose pour nous et pour tous ceux qui ont du mal à finir les fins de mois. » Comme Sandrine, les 5,4 millions de Français qui utilisent le fameux graal pour payer les courses se sont réveillés avec une bonne surprise, mardi 14 janvier. Mais il a fallu attendre pour pouvoir enfin souffler. Suite à la censure du gouvernement Barnier en décembre 2024, l’utilisation des titres-restaurant était sérieusement menacée. Le processus parlementaire avait dû reprendre de zéro. Leur prolongation jusqu’au 31 décembre 2026 suscite d’autant plus de soulagement que la conjoncture économique fait peur.
Une aide précieuse
Eddy, 53 ans, a pris deux packs d’eau, trois ou quatre paquets de chips, deux steaks hachés en barquette et quelques petites provisions pour finir la semaine. La caisse affiche le prix de 24,80 euros : Eddy délaisse sa carte bleue et dégaine la carte jaune, grâce à laquelle il a le sentiment de ne rien avoir payé. « Je gagne 1 500 euros euros par mois en tant qu’agent d’entretien pour la ville d’Halluin. J’ai 500 euros de charges, avec mon garçon qui vit à la maison. La vie coûte très chère. Alors, je donne 100 euros de mon salaire, la mairie me donne 100 euros, ça me fait donc 200 euros de tickets chaque mois. » Il y a peu, le maire d’Halluin a annoncé aux agents municipaux qu’ils auraient droit à des titre-restaurants. A raison de vingt-cinq euros par jour, ils servent uniquement à payer les produits alimentaires. « J’achète de la viande avant tout, mais les vingt-cinq euros sont vite partis quand on voit le prix… », souffle Eddy. Chantal, hôtesse de caisse depuis presque vingt ans, voit d’un bon oeil cette aide financière : « A la base, c’est vrai que les tickets sont prévus pour acheter le repas de midi. Mais, moi je le vois, les gens n’arrivent plus à payer leurs courses. C’est la moindre des choses que puisse faire l’Etat. » Il est treize heures, Eddy s’apprête à fermer son coffre, quand soudain un autre client, curieux, l’entend parler du sujet. « Allez demander à votre patron, conseille vivement Eddy, il pourrait peut-être vous avoir des tickets ! »