Dans les rues étroites de Molenbeek, un quartier bruxellois en constante ébullition, l’environnement est électrique. une atmosphère joyeuse et un espoir, celui d’avoir tourné la page de la terrible réputation forgée en 2015, avec l’arrestation de Salah Abdeslam.
Pour certains, Molenbeek est « the place to be », un joyau multiculturel où l’authenticité et la convivialité se rencontrent. En arpentant les rues commerçantes de la chaussée de Gand, on se laisse emporter par le brouhaha de toutes les langues et par les effluves épicées qui embaument l’air. Les gens se croisent, se bousculent dans les allées étroites du marché. Les restaurants aux devantures colorées côtoient les boutiques d’artisanat traditionnel, créant une atmosphère cosmopolite unique. Les habitants, fiers de leurs origines diverses, trouvent dans cette mixité une force et une identité unique. Mathilda, 75 ans, vit à Molenbeek depuis 50 ans, « Que j’aime ce quartier ! C’est ici que j’ai construit ma vie, élevé mes enfants et tissé des liens qui vont bien au-delà des différences culturelles. Nous avons nos problèmes, c’est vrai, mais nous avons aussi une force et une résilience que je ne trouve nulle part ailleurs. » Certes, des défis persistent.
Un chômage qui persiste
Derrière cette façade de multiculturalisme harmonieux, Molenbeek porte les cicatrices de l’exclusion sociale. Les difficultés socio-économiques s’aggravent, alimentant un sentiment de désillusion chez certains résidents. Le chômage, en particulier chez les jeunes, reste élevé, tandis que l’accès à l’éducation et aux services sociaux demeure inégal. En face du canal, des jeunes attendent devant un foyer. Bachir, le responsable, nous explique : « Ici, on accompagne les jeunes dans tous leurs projets. Ils veulent travailler mais ils auront toujours un handicap : le nom Molenbeek collé sur leur carte d’identité ».
Un quartier à l’histoire difficile
Le quartier est mal perçu et il est souvent associé aux actes du terrorisme. Rue du Dries, là où Salah Abdeslam a été arrêté en 2016, rien ne distingue aujourd’hui cet immeuble gris banal, des autres. La vie a repris son cours de manière ordinaire. Dans cette rue, chacun vaque à ses occupations, comme si l’ombre du terrorisme n’avait jamais plané sur la commune. « La vie continue ici, c’est un peu perturbant pour tous, mais on essaye de contrôler la situation » explique Frédérick, adjoint à la police de Molenbeek. En 2015, après les attentats de Paris, les médias du monde entier ont désigné Molenbeek comme un « nid de terroristes », alimentant les stéréotypes et les préjugés
Mais la commune résiste, se réinvente, se tourne vers l’avenir et assume son identité multiculturelle. Pour Larissa, étudiante en géopolitique, « on est loin des clichés et des préjugés, c’est un quartier en mouvement, une mosaïque vibrante qui mérite d’être découverte ». Molenbeek est une commune multiculturelle en constante transformation. Cette même transformation qui est fortement redoutée par les habitants, qui craignent une certaine gentrification. « Le principal danger de ce phénomène est le choc culturel entre ces nouvelles personnes qui arrivent progressivement parfois d’un haut niveau social et les résidents molenbekois depuis des décennies. Ils n’ont pas les mêmes attentes, ni les mêmes trains de vie. » déclare Bachir. Molenbeek, « the place to be » mais ce n’est pas sans conséquence.