La victoire écrasante de Trump face à Kamala Harris le 5 novembre dernier a mis en lumière une alliance inattendue : celle avec Elon Musk, le célèbre entrepreneur et PDG de Tesla, SpaceX et du réseau social X. Musk et Trump forment un duo puissant et inséparable. L’un étant l’homme le plus riche du monde et l’autre le futur président des Etats Unis : leur collaboration est à suivre de près pour comprendre l’avenir de l’Amérique.
Elon Musk s’est largement investi dans la campagne de Donald Trump, en apportant un soutien financier massif, avec des contributions estimées à environ 277 millions de dollars, faisant de lui le plus grand donateur individuel de cette élection. Le patron de Tesla a créé l’America PAC, une organisation privée qui a pour but de soutenir l’élection de Trump et a participé à plusieurs meetings à ses cotés, notamment en Pennsylvanie.
Musk soutient Trump en lançant des initiatives controversées, notamment une loterie promettant un million de dollars par jour aux électeurs inscrits sur les listes électorales ainsi qu’aux signataires d’une pétition soutenant le premier amendement, qui garantit la liberté d’expression, et le deuxième amendement, qui protège le droit de posséder et de porter des armes.
Le virage à droite d’Elon Musk
Si Elon Musk s’affirme aujourd’hui fièrement auprès des Républicains, cela n’a pas toujours été le cas. En 2008, Elon Musk soutient le candidat démocrate Barack Obama, puis renouvelle son appui en 2012 pour sa réélection. Il se positionne en faveur de la démocrate Hillary Clinton en 2016, tout en critiquant son adversaire de l’époque, Donald Trump. En 2020, dans un tweet, Musk affirme avoir voté pour Joe Biden.
Comment expliquer que le plus grand soutien de Donald Trump ait voté pour Biden quatre ans auparavant ? D’où provient ce changement de cap ?
C’est durant la pandémie de Covid-19 que Musk commence à s’aligner sur certaines idées du président Trump. Le patron de Tesla ne supporte pas la mise à l’arrêt des entreprises et refuse de respecter les restrictions sanitaires. Il décide de maintenir l’activité de ses usines et exprime son mécontentement sur Twitter, affirmant que « la panique représente un plus grand danger que le virus ». Cette position fait écho à celle de Donald Trump, qui minimise également les effets de la pandémie. Dès cette période, Musk engage une lutte contre la réglementation fédérale, qu’il accuse d’entraver le développement de ses entreprises. Il critique les normes imposées, ainsi que les taxes et impôts, qu’il associe aux politiques des démocrates. Cette hostilité envers les contraintes réglementaires devient un terrain d’entente avec Trump, les deux partageant un désir de « liberté absolue ».
Twitter, arme politique et numérique
En 2022, Musk devient le propriétaire de twitter, par un achat de 44 milliards de dollars. En acquiérant la plateforme, il tient à se dresser en « défenseur de la liberté d’expression ». Elle est selon lui, le fondement d’une démocratie qui fonctionne. Dans la foulée, Musk annule le bannissement de Donald Trump qu’il juge comme étant une « erreur ».
L’homme le plus riche de la planète a transformé sa plateforme en un puissant levier idéologique, combinant habilement pouvoir politique et numérique. Au delà son soutien accru à Donald Trump, il s’est engagé dans une campagne sans merci contre Kamala Harris, qu’il a qualifiée de « femme cruelle » et de « reine de la censure ». D’après une enquête du Monde, Musk a publié près de 3 247 tweets liés à la présidentielle américaine entre octobre et novembre 2024, période cruciale de l’élection. Il n’a pas hésité à relayer des théories du complot et des informations erronées, en faveur de Trump.
Elon Musk décroche sa place dans le gouvernement Trump
En octobre 2024, Donald Trump annonce la création d’une nouvelle agence fédérale, le Department of Government Efficiency (DOGE). Ce département, conçu pour rationaliser les dépenses publiques et réduire le gaspillage gouvernemental, sera dirigé conjointement par Elon Musk et Vivek Ramaswamy, entrepreneur et figure montante de la droite américaine.
« Ensemble, ces deux Américains formidables traceront le chemin pour mon administration afin de démanteler la bureaucratie gouvernementale, sabrer les régulations excessives, couper dans les dépenses inutiles, et restructurer les agences fédérales », a déclaré le président élu dans un communiqué. Il désigne le projet comme étant le « Projet Manhattan de notre temps », du nom du programme de recherche américain pendant la seconde guerre mondiale pour créer la bombe atomique.
Un couple anti-européen ?
À la suite des récents attentats en Allemagne, Elon Musk a déclenché une nouvelle controverse en attaquant directement le chancelier Olaf Scholz, qu’il a qualifié d’« imbécile incompétent » sur X. Le milliardaire a également affiché son soutien à l’Alternative für Deutschland (AfD), un parti d’extrême droite, dans une interview accordée au quotidien Die Welt. Selon Musk, elle est « la seule capable de sauver l’Allemagne ». Le propriétaire de l’ancien Twitter ne s’arrête pas là dans sa croisade anti-européenne, il s’en prend au Royaume Uni en appelant à la démission du Premier ministre socio-démocrate.
Trump, pour sa part, adopte une réaction plus nuancée, exprimant sa solidarité avec l’Allemagne et condamnant fermement les actes terroristes. Lors d’un discours, il a également tenu à préciser qu’Elon Musk ne cherchait pas à prendre sa place, contrairement à ce que certains médias laissaient entendre.
Cette divergence dans la gestion de cet événement annonce les premières failles dans l’alliance Trump-Musk. Alors que certains estiment qu’ils partagent une vision commune dans leur opposition à l’Europe, d’autres perçoivent les déclarations de Musk comme un tournant dans la relation entre les deux figures.
Trump prendra ses fonctions le 20 janvier 2025, date à laquelle Elon Musk débutera officiellement son rôle de co-dirigeant du DOGE.