Des peines de prison avec sursis ont été requises contre l’aide-soignant de l’Ehpad d’Orpea de Loos pour homicide involontaire. En mars 2023, Yvonne Daize est décédée suite à une chute accidentelle. En attendant le délibéré du 12 février, Martine, la fille d’Yvonne, se dit révoltée.
Ne lui parlez pas d’Orpea (devenu Emeis en 2024), Martine ne sait, ne peut plus les voir. « Je suis révoltée. Ni la directrice ni l’aide-soignant n’ont eu un seul regard pour nous. Pas l’ombre d’une excuse, rien », se désole la fille d’Yvonne Daize, décédée après une chute accidentelle de « deux mètres ». « Ma mère était une femme joviale. Regardez, dit Martine en tendant une photo, elle était très souriante. » Mais la joie s’est fait balayer le 3 mars 2023 par une hémorragie cérébrale et une fracture du bras gauche. Yvonne décèdera onze jours plus tard.
L’aide-soignant nie en bloc
Lors du procès, qui a eu lieu le 8 janvier 2024 au tribunal judiciaire de Lille, l’aide-soignant vacataire a mimé les gestes qu’il aurait fait pour sécuriser Yvonne lors de la toilette matinale. A la barre, le prévenu raconte que la vieille dame aurait eu un spasme, déclencheur de la chute. En quelques secondes, la résidente tombe de son lève-personne. Malgré l’absence de formation, l’aide-soignant a déclaré qu’il avait l’habitude de ce genre de manipulation. Après l’accident, deux infirmières arrivent, constatant qu’une sangle n’a pas été mise, et que l’aide-soignant était seul au moment de la toilette alors que le processus nécessite d’être deux. « L’aide-soignant a tout nié en bloc, pendant toute la séance, c’est-à-dire de 14h à 21h. C’était lunaire », déplore Martine. Si la famille de la victime est dans l’incompréhension, c’est parce qu’elle ne sait pas réellement comment l’accident, « et non l’incident, comme ils ont pu le prétendre », est survenu. « On me parle d’abord d’une chute de cinquante centimètres, puis quand on lit le rapport de l’urgentiste, on s’aperçoit qu’il s’agit d’une chute de deux mètres », fustige Martine.
Une autre découverte : l’aide-soignant a un casier judiciaire. Ce qui est normalement proscrit pour travailler dans un EPHAD. « Personne ne mérite de mourir comme ça. Je n’attends plus d’excuses de leur part, je n’attends plus rien. Je souhaite juste qu’ils soient condamnés », expose Martine. Six mois de prison avec sursis ont été requis contre la directrice de l’EPHAD, le procureur a reproché le manque de formation au sein de son équipe. Ce qu’elle a contesté. Quatre mois de prison avec sursis ont été requis contre l’aide-soignant. 50 000 euros d’amende pour l’établissement ont été aussi requis. Quant aux dommages et intérêts, Me Mycinski a réclamé 46 000 euros pour chacun des trois enfants d’Yvonne. Le délibéré aura lieu le 12 février.
Contactés par Contrepoint, l’avocat du groupe Emeis et les deux prévenus n’ont pas souhaité répondre à nos questions.