Alors que les Etats-Unis sont au cœur d’une période politique imprévisible, ce biopic acide d’un magnat de l’immobilier devenu président ne manque pas de susciter la controverse.
Le film met en scène l’ascension entrepreneuriale de Donald Trump avant son entrée en politique. Un succès dû à son partenariat étroit avec l’avocat conservateur et entremetteur politique Roy Cohn. Après Shelley (2016), Border (2018) et Les Nuits de Mashhad (2022), Ali Abassi réalise un biopic brutal sur le candidat républicain. Il ne fait pas le procès de Donald Trump, il se contente de montrer des faits.
Donald Trump : pur produit de son époque
Tous les éléments sont sous nos yeux : l’or, le drapeau américain, Ivana en petite statue de la Liberté, Donald Trump assis sur un trône et un homme, un marionnettiste au-dessus de la scène. Pourtant, le début du film ne semble pas dépeindre l’ex-président des Etats-Unis.
Nous sommes dans les années 1970 – 1980. La révolution conservatrice dicte la vie des Américains : les chefs d’Etat hostiles au socialisme souhaitent réduire les interventions de l’Etat dans la sphère économique et sociale. C’est dans cet environnement que Donald Trump (incarné par Sebastian Stan) devient président de la Trump Organization. Il est un jeune entrepreneur soucieux de plaire à son père, grand promoteur immobilier. Après que le duo père-fils soit visé par une enquête du département de la Justice portant sur des soupçons de discrimination envers des locataires noirs, Donald Trump décide de faire appel à l’expertise de Roy Cohn (incarné par Jeremy Strong), avocat chevronné aux principes féroces : attaquer, n’admettre rien et revendiquer la victoire. Des leitmotivs qui vont rythmer la transformation de son protégé et façonner l’homme qu’il est aujourd’hui : une figure de violence masculine dont les relations humaines se résument à dominer l’autre.
Une sortie à point nommé pour les élections
« C’est glaçant. La mise en scène, les dialogues… On a l’impression de voir un documentaire avec toujours une couche de satire », raconte une spectatrice après avoir vu le long métrage. Un réalisme qui saisit les spectateurs alors que les résultats des élections approchent.
Il y avait peu de chance que le film ait un impact sur les élections du 5 novembre. Néanmoins, on peut s’interroger sur sa sortie en salle le 9 octobre dernier. L’ex-président lui-même n’a pas caché son agacement. Il est allé jusqu’à affirmer sur son réseau social Truth Social, que le film a été lancé juste avant l’élection présidentielle pour « tenter de nuire au plus grand mouvement politique de l’histoire du pays, Make America Great Again ». Une réaction qui ne surprend pas. Rappelons-le : attaquer, ne rien avouer et revendiquer la victoire. Des principes qui dictent sa carrière politique et qui continueront sans nul doute de le faire durant son nouveau mandat.
Le film est à l’affiche au cinéma Le Majestic.
L’avis de Contrepoint
Voir ce film, c’est comprendre la personnalité du nouveau président des Etats-Unis. Tourné comme un documentaire, le film retrace avec une précision glaçante les premières années du nouveau président des Etats-Unis. Ce qui frappe dans ce biopic, c’est à quel point le réalisateur a réussit à capturer avec brio l’essence d’une époque où les magouilles en coulisses et les stratégies douteuses sont monnaie courante. Donald Trump, guidé par un mentor cynique et manipulateur, se forge une personnalité sans concession, prête à tout pour triompher. Le duo entre Sebastian Stan et Jeremy Strong fonctionne terriblement bien. Leurs performances respectives sont terrifiantes et dépeignent deux personnages totalement immoraux, froid, sans scrupules mais également ambitieux. « The Apprentice » est un film qui invite à la réflexion sur le pouvoir, l’argent et les mécanismes qui façonnent notre monde.