Vol à l’arrachée, agressions sexuelles… Les transports en commun peuvent être source d’inquiétudes pour les usagers. Dans la France entière comme à Lille, malgré les mesures de sécurité existantes, les habitués des transports doivent apprendre à vivre avec cette crainte.
Nombreux sont ceux qui ressentent un sentiment de malaise en s’engouffrant dans les stations du métro lillois. Et pour cause. Comme le reste de la France, Lille n’échappe pas aux vols et violences commis dans les transports en commun.
118 440 victimes
Le 13 octobre dernier, la capitale des Flandres était témoin d’une nouvelle agression survenue cette fois-ci au sein même de la station Eurotéléport, à Roubaix, par laquelle passe la ligne 2 du métro. La victime – une femme de 37 ans – s’est fait entailler la joue à l’arme blanche par un homme d’une quarantaine d’année. L’agresseur a été interpellé par la police dans l’heure.
Dans un communiqué publié le 11 septembre 2024, le ministère de l’Intérieur révèle qu’en 2023, 118 440 victimes de vols et de violences dans les transports en commun ont été enregistrées sur l’ensemble du territoire français par les services de police et de gendarmerie. Soit une diminution de 11% par rapport à 2022, où 124 570 victimes étaient recensées. Il s’agit en majorité de vols sans violences, qui représentent en 2023 près de 77% des 118 440victimes. Un chiffre inquiétant car bien que le nombre de victimes soit au plus bas depuis 2016, en 2019, 92% des vols commis dans les transports en commun étaient perpétrés sans violence.
« Je change mes habitudes vestimentaires »
À Lille, le sentiment d’insécurité semble toucher plus facilement les femmes que les hommes. Certaines, inquiètes, en viennent à changer leurs habitudes quand elles s’apprêtent à prendre les transports en commun. « Je n’ai jamais eu vraiment peur, mais j’ai tout le temps des appréhensions » confie Rosalie, 16 ans, qui emprunte quotidiennement le métro et le tram pour se rendre à son lycée. « Je fais très attention aux horaires, et à certaines stations de métro que l’on m’a indiquées comme potentiellement dangereuses. Porte de Douai, Porte d’Arras, Porte des Postes… Dès que la nuit tombe, je change mes habitudes vestimentaires, et je me force à porter un long manteau » explique-t-elle.
Toutes les précautions sont bonnes à prendre pour Rosalie. Car elle est formelle, « en situation de danger, je ne saurai pas quoi faire » constate-t-elle.
Les dispositifs d’Ilévia sont-ils suffisants ?
Malgré les mesures employées par Ilévia, plusieurs usagers estiment les dispositifs encore insuffisants pour rétablir un sentiment de sécurité. Ils regrettent, particulièrement, l’absence physique d’employés sur le terrain. Contactée au sujet de sa politique de sécurité des usagers, Ilévia – qui exploite le réseau des transports en commun sur le territoire lillois – se dit « engagée toute l’année dans la lutte contre toute forme de harcèlement dans les transports ». Pour se faire, Ilévia a mis en place plusieurs dispositifs : des bornes d’appel à l’aide au sein des stations de métro, la circulation de médiateurs dans les rames, l’arrêt à la demande dans les bus une fois passé 22h, le nom de code Angela pour être placé à l’abri par le personnel du réseau… « S’il m’arrive un jour quelque chose, je ne saurai pas vers quoi me tourner. Il y a un gros manque de communication de la part d’Ilévia quant à ses dispositifs » juge Marie- France, 52 ans. Son avis est rejoint par Romane, 27 ans, qui déplore particulièrement l’absence d’employés sur les lignes. « Il manque des personnes qui feraient vraiment attention à nous, prêtes à nous prendre en charge au moindre appel à l’aide » explique- t‑elle. Pour enfin se sentir en sécurité, les Lillois interrogés rêvent d’une présence presque constante au sein des stations, et dans les rames de métro. En particulier la nuit. « Une présence humaine physique permettrait de faire comprendre aux agresseurs, au cas où l’on se ferait embêter, que nous ne sommes pas seuls » acquiesce Eloïse, lycéenne dans la métropole Lilloise.