Depuis 2018 et le passage à la gratuité totale des transports en commun, la cité de Jean Bart vit au rythme des DK’Bus. Au point d’éclipser les voitures.
Situé à deux pas de la gare, l’impressionnant pôle d’échange. Autour des quatre quais longs de 75 mètres, le ballet des bus s’installe. La foule se masse, sans jamais s’éterniser. Douze des 18 lignes y sont desservies, dont 5 « chronos ». Si les pôles s’apparentent au cœur du réseau, ses « chronos » sont les artères. Elles maillent la ville de manière à alimenter, toutes les dix minutes, les principaux points d’intérêt.
Valise à la main, sac dos dans l’autre, un touriste corse découvre les DK’Bus : « Non seulement c’est gratuit, mais surtout, c’est bien plus rapide que se déplacer en voiture ».
Pour ceux ayant connu l’évolution du réseau, le constat est semblable. « Près de 30 € d’économisé par mois » ou « Ne plus avoir à utiliser sa voiture au quotidien », le positif s’invite dans chacun des commentaires.
La « pénétrante », symbole d’une métamorphose
Un demi-siècle en arrière, la pénétrante était novatrice. Exemple type du « tout auto », la RD 601 ou « pénétrante » permettait de traverser la communauté urbaine d’ouest en est, en voiture. Des moteurs lancés à 90 km/h, ou bouchonnant à quelques centaines de mètres du centre-ville. Aujourd’hui, la donne a changé. Verte, bercée par les cancans des canards, elle est devenue le symbole de la métamorphose dunkerquoise. Exit la somme de véhicules. Les quatre voies aussi larges qu’austères n’en sont plus que deux, limitées 50 km/h. En face, une troisième réservée aux bus, permettant de simplifier la circulation de ces derniers. Et au centre : le canal de Mardyck. Longtemps oublié par les locaux, il est maintenant immanquable le long de la voie verte. Un ilot de verdure, un poumon au cœur de la transformation dunkerquoise.
Peu de personnes en doutaient depuis les 5 juillet dernier et le départ d’une étape du Tour de France, mais Dunkerque est aussi une cité du vélo. La voie verte est synonyme de sécurité pour les cyclistes… quand le temps le permet.
De la Wi-Fi à bord
Pour pousser les habitants à délaisser leurs véhicules, encore faut-il que ces bus équipés de Wi-Fi soient à la hauteur. Déjà, il y a l’aspect pratique. En avance sur nombreuses voisines, l’application DK’Bus s’invite sur beaucoup d’écrans, le long des quais. Temps d’arrivées fidèles, sur chacun des 363 arrêts. Pourcentage de remplissage des bus, pour privilégier une ligne plus calme… la métamorphose est aussi digitale. Puis, vient l’aspect social. « Tiens regarde, c’est pour toi ça », lance une mère à son fils. Les yeux rivés sur l’écran du bus, elle y observe la rubrique « un job proche de cette ligne », où s’affichent les propositions de contrats locaux. À l’heure du repas, une jeune utilisatrice au cartable s’exclame, en sortant de l’école « oh, il y a la borne de jeu ». Des jeux vidéo, un passe-temps installé dans un bus, la devise « premier réseau social dunkerquois » prend tout son sens.
Qu’en disent les chiffres ?
Mesure phare de son programme, le maire Patrice Vergriete a inauguré la gratuité des transports en commun en septembre 2018. Un exemple de transition écologique et sociale appliquée à la mobilité. Et depuis, la fréquentation ne cesse de grimper. Sur l’année 2017, quelque neuf millions d’utilisateurs ont poussé la porte d’un DK’Bus, annonçait la mairie. En 2021 ils étaient 18 millions, plus du double.
Un an après la mise en place de la réforme, une enquête de l’observatoire du transport gratuit révélait qu’un nouvel utilisateur sur deux avait choisi de délaisser sa voiture au profit du bus. À Dunkerque, les quatre roues seraient-elles en voie de disparition ?