Ces dernières années, les sports américains connaissent un véritable essor en France. Cette dynamique se ressent particulièrement dans les universités où les équipes se structurent et développent leur pratique. Triple champions de France universitaire, les Bears de Roubaix prouvent que le football américain s’impose désormais comme une composante à part entière de la vie étudiante des Hauts-de-France. Benjamin Dené, directeur sportif de l’équipe, nous ouvre les portes d’un univers qui gagne chaque jour en visibilité et en influence.
Quand on parle de football américain en France, il y a beaucoup d’idées reçues. Vous, sur le terrain, sentez-vous que les mentalités évoluent ?
Benjamin Dené – Dans la pratique, le football américain reste encore un sport de niche en France, avec sans doute entre 20 000 et 30 000 pratiquants. Mais les choses évoluent. Les réseaux sociaux, la télévision et l’ampleur du Super Bowl contribuent à sa visibilité. Le grand public connaît de mieux en mieux ce sport, même si peu de gens savent qu’il est possible de le pratiquer facilement en France.
Selon vous, qu’est-ce qui séduit le plus dans les sports américains ? Le jeu lui-même, la culture qui va avec, ou le rêve américain ?
B.D – Les Américains excellent à mettre en valeur leur produit. On est d’abord captivé par le spectacle et la mise en scène, puis on devient accro en découvrant la rigueur physique, la richesse tactique et la force du collectif.

Historiquement, les universités américaines sont des viviers de talents sportifs. Pensez-vous que les campus français pourraient un jour jouer un rôle comparable ?
B.D – La France et les États-Unis n’évoluent pas au même rythme. Les moyens consacrés aux étudiants-athlètes en France sont bien inférieurs, et nos universités n’accordent pas au sport la place centrale qu’il occupe sur de nombreux campus américains. Outre-Atlantique, le sport universitaire est une véritable industrie qui génère d’importantes recettes et fait vivre des milliers de personnes. En France, le sport demeure avant tout une activité extrascolaire. Pourtant, le potentiel est bien présent. Nous avons de nombreux talents capables de rivaliser, à condition d’investir davantage et de structurer le développement du sport étudiant. Aux Bears, nous bénéficions du soutien précieux de l’Université Catholique et de l’école d’ingénieur JUNIA. Cet appui financier et logistique renforce considérablement notre progression, nous aide à concrétiser nos projets et à faire grandir le club saison après saison.
Ces titres universitaires sont un vrai levier de développement
Vous êtes triples champions de France universitaire. Ce succès attire-t-il davantage d’étudiants, de soutiens ou de financements ?
B.D – Ce titre est un vrai levier de développement et nous vaut un soutien institutionnel fort. L’Université nous accompagne énormément, et cet appui se traduit directement sur le terrain par nos bons résultats. Pour le recrutement, c’est aussi un atout, pas le seul. Notre image jeune et dynamique, ainsi que nos nombreux projets sportifs et extra-sportifs, séduisent de plus en plus d’étudiants.
Pratiquer un sport importé, c’est aussi s’approprier une culture étrangère. Cherchez-vous à « franciser » le football américain ?
B.D – C’est un vrai enjeu. La majorité des ressources sont en anglais. La Fédération française de football américain fait un travail important d’adaptation. Nos voisins canadiens possèdent eux aussi une ligue professionnelle, ce qui permet de suivre du football canadien en français. À notre niveau, on adapte la pratique. On s’inspire des aspects positifs de la culture américaine du football pour les adapter à notre culture française.
Il y a une place pour tous les profils dans le football américain ?
Comment se passe la cohabitation avec les autres sports à la fac ? C’est plutôt de la curiosité, de la rivalité ou plutôt de la solidarité ?
B.D – La cohabitation est très positive. Comme nos joueurs viennent d’écoles et de cursus variés, il n’y a pas de rivalité entre facultés. Au contraire, on collabore souvent avec les bureaux des sports et des élèves pour organiser des événements, qu’il s’agisse de soirées caritatives, de tournois ou de projets étudiants. L’objectif est de créer une vraie dynamique collective sur le campus.

Si vous deviez convaincre un étudiant qui n’a jamais foulé un terrain de foot US de venir essayer, que lui diriez-vous ?
B.D – Le football américain est pensé pour répartir les rôles : vitesse, puissance, précision ou sens de l’analyse. Il y a une place pour tous les profils. Tout s’apprend pas à pas, des règles à la gestuelle en passant par la sécurité, au fil d’une séance découverte progressive, sans contact initial et avec l’équipement fourni. On découvre vite un sport plus accessible qu’il n’y paraît. Ce qui marque, c’est l’intensité des actions courtes, la stratégie, et l’esprit d’équipe où chacun a une mission claire. Donnez-vous une séance. Le seul prérequis, c’est la curiosité.
Les mots clés du foot US
Touchdown : action qui rapporte 6 points en portant ou captant le ballon dans l’en-but adverse.
End zone : la zone d’en-but où l’on doit entrer avec le ballon pour marquer un touchdown.
Quarterback (QB) : le joueur qui dirige l’attaque, lance les passes ou remet le ballon.
Snap : lors de la mise en jeu, le centre transmet le ballon au quarterback pour commencer l’action.
Huddle : regroupement rapide où les joueurs se concertent pour annoncer l’action suivante.
Sack : quand la défense plaque le quarterback derrière la ligne de mise en jeu.
Blitz : une attaque rapide de la défense pour surprendre le quarterback et l’empêcher de lancer.