Alors que l’inflation galope, un rapport de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) met en lumière une catégorie sociale plus durement touchée par l’inflation : les retraités ruraux. Nous sommes allés les rencontrer
Selon l’OFCE, les retraités ruraux connaissent une inflation en moyenne 0,6% plus importante que les citadins actifs sur l’année 2022. De Verlinghem à Pérenchies, les grands perdants du mars rouge partagent leur expérience inflationniste.
« Les personnes âgées ont peur »
Mauricette a toujours vécu à Pérenchies. Cette veuve de 75 ans ne partage dorénavant sa maison qu’avec son chien qu’elle a récupéré à la SPA il y a quatre ans. À l’intérieur, des meubles anciens sur un sol carrelé, quelques tableaux cloués sur un mur ocre et une cuisine années 80 dans laquelle elle s’installe.
Les mains dans les poches, elle expose son vécu. Son chien arrive : « ses bonbons ont pris un euro depuis le début de l’année ». Des bonbons, le chien en consomme. De manière plus générale, « les personnes âgées ont peur », témoigne-t-elle. Au marché de Pérenchies, tous les dimanches, entre les poissons et les légumes, elle écoute les discussions. Toutes concernent l’augmentation des prix.
En face habitent Marcel et Cécile. Sur le pas de leur porte, ils expliquent leur expérience. Retraités, ils bénéficient « d’une pension correcte ». Selon eux, ils sont dans la tranche qui souffre le plus de l’inflation. « On n’est pas assez pauvres pour bénéficier des aides et pas assez riches pour faire de l’optimisation », explique Marcel. Résultat, « avant, on partait huit semaines en vacances par an, maintenant c’est huit jours ».
Face à l’inflation : l’importance d’une bonne gestion
Quelques kilomètres plus loin, Monique et Albert, 80 et 85 ans, voient eux aussi les effets impressionnants de l’inflation. Dans leur cuisine où flotte une bonne odeur de soupe, les mêmes aliments remplissent chaque semaine les placards. Un bon moyen de constater la hausse spectaculaire des prix. Monique témoigne « avant décembre, mes courses ne dépassaient jamais les 100€. Aujourd’hui, elles peuvent monter à 130 voire 140€ ».
Pourtant, le couple ne blâme pas le gouvernement, au contraire. Pour eux, c’est une bonne gestion du budget qui fait fonctionner un ménage. « On s’éclaire moins, on ne fait fonctionner nos machine que pendant les heures creuses et on se chauffe davantage au bois », explique Albert.
Selon l’OFCE, l’inflation sur l’énergie toucherait plus durement les ruraux dont la surface à chauffer est plus importante et qui utilisent davantage la voiture. Mais pourquoi les retraités particulièrement ? Monique a son hypothèse : « On ne mange pas de la même façon ». Les produits frais qui remplissent son panier, comme les légumes, ont augmenté de 34% en 2022 contre une moyenne de 12,5% sur l’ensemble des produits alimentaires. Les jeunes consomment également plus de produits non alimentaires, moins impactés par l’inflation.