Une sécurité sociale mais pour l’alimentation (SSA), c’est le projet pilote, qui a été testé à Schaerbeek, auprès de 70 allocataires du Centre public d’action sociale. Après un an de test et d’évaluation du projet, c’est l’heure du bilan.
Qu’est-ce que ce projet pilote pour une sécurité sociale de l’alimentation (SSA), qui vient de se clôturer à Schaerbeek ? Il s’agit d’une démarche à l’initiative de Bees coop, un supermarché coopératif et participatif, dans lequel chaque client est actionnaire du supermarché bio à hauteur de 25 €, en échange de produits à prix cassés. L’objectif est de rendre l’alimentation durable accessible à tous, grâce à l’ouverture d’une nouvelle branche de la sécurité sociale, dédiée à l’alimentation. Pour mener cette ambition à bien, Bees Coop a fait appel au CPAS (Centre public d’action sociale) qui s’est chargé de sélectionner les 70 bénéficiai
Comment ça marche ?
L’idée est de permettre à tous, en particulier aux personnes en difficulté financière, d’avoir accès à une alimentation durable, sans les maintenir dans une situation de dépendance. Pour cela, Martin Raucent, fondateur de BEES Coop, à l’initiative du projet explique : « Les bénéficiaires sélectionnés viennent travailler à la coopérative 3 heures toutes les quatre semaines et en échange ils profitent d’un montant de 150 € par foyer pour faire leurs courses ici. » L’argent est directement mis sur la carte de paiement rechargeable Bees coop, de cette manière « l’ambiance n’est pas stigmatisante pour les bénéficiaires en précarité, précise Francesca Monteverdi, chargée d’évaluation du projet SSA. C’est un barrage à l’entre-soi. »
Ça m’a changé la vie
Marielle, bénéficiaire du projet, se confie sur l’impact que cette aide a eu dans sa vie : « Pour moi, 150 € c’était vachement bien, ça m’a changé la vie ! Je peux enfin avoir le choix, manger frais et prendre soin de moi ». Avant ça, la comédienne et mère de famille dépendait des banques alimentaires classiques, où les gammes de produits sont très réduites, en parallèle d’un manque flagrant de mixité sociale. « C’est un décloisonnement social, j’était dans un entonnoir, avec les mêmes personnes à discuter des mêmes problèmes », précise-t-elle. Emballée, Marielle montre ses produits préférés « je peux acheter des noix, des œufs, des carottes fraîches, des aliments qui ont du goût quoi ! ».
Mettre le projet à l’agenda politique
« La sécurité sociale alimentaire pour l’ensemble de la population est un projet très ambitieux et ce n’est pas pour demain », concède Martin, car cela coûterait 20 milliards d’euros en Belgique. Néanmoins, grâce à ce projet pilote réussi, Francesca et Martin peuvent maintenant soutenir ce concept pour le proposer dans une commune plus grande, afin de prouver les effets favorables de cette aide alimentaire. « L’idée derrière ces observations c’est de montrer qu’on pourrait économiser sur le budget santé de la sécurité sociale en proposant cette aide à l’alimentation durable, puisque la nourriture a un impact direct sur la santé », conclut Martin. Le projet a d’ailleurs été repris par plusieurs partis politiques à l’approche des élections européennes, c’est le cas des Écolos, du PS ou encore au Centre.