Fini la tolérance face à la prostitution ! La Belgique laisse maintenant place à la reconnaissance et à la protection. Plusieurs associations luttent pour les droits des personnes travailleuses du sexe (TDS) et offrent un soutien vital à cette communauté souvent marginalisée.
Utsopi, l’union belge des travailleurs du sexe, se bat chaque jour pour l’indépendance des prostituées. Cette association communautaire, principalement dirigée par des TDS, met en oeuvre des projets spécifiques pour répondre à leurs besoins. Réunions informelles, groupes de travail ou encore campagnes de sensibilisation, tout est bon pour promouvoir la décriminalisation de la profession. Comme l’explique Dan Bouwens, chef de projet chez Utsopi, « le monde des TDS est le miroir des discriminations qui existent dans le monde. On y retrouve des femmes en situation précaire, des mères célibataires, migrantes, personnes trans, demandeuses d’asile ou encore sans papier ». L’association offre alors une formation aux forces de l’ordre sur les droits sexuels des TDS, afin d’obtenir une meilleure compréhension ainsi qu’un traitement plus juste de cette communauté par les autorités.
La prostitution, un choix ?
Espace P, une autre organisation essentielle, fournit un soutien psycho-médico-social aux prostituées à Bruxelles et en Wallonie. Celle-ci part à leur rencontre et leur propose des services gratuits comme des cours de langue, des aides juridiques, administratives ou encore médicales. Et si une TDS souhaite changer de vie, c’est vers Sawa qu’elle peut se tourner. Sa mission : aider les prostituées à sortir de l’industrie du sexe et à trouver d’autres alternatives professionnelles. « On ne choisit pas de se prostituer. Certes, c’est un choix, mais qui répond à un besoin, quel qu’il soit », explique Madeleine de Walque, bénévole. Grâce aux dons récoltés, l’organisation finance des formations de reconversion, se propose de rembourser les dettes, offre le billet d’avion en cas de volonté de retour dans le pays d’origine, et s’engage à aider chaque individu à atteindre son plein potentiel en dehors de l’industrie du sexe. Grâce à ces associations, les travailleurs du sexe en Belgique peuvent compter sur un soutien solide et avoir comme perspective, l’espoir d’un meilleur avenir.
Une nouvelle loi qui offre reconnaissante et protection aux travailleurs du sexe
En 2022, la Belgique est devenue le premier pays européen à légaliser pleinement la prostitution. Mais ce n’est pas tout, puisqu’une une nouvelle loi votée le 2 avril 2024 vise maintenant à offrir la reconnaissance et la protection aux TDS. La garantie d’un cadre réglementaire avec des conditions de travail décentes et sécurisées se base sur quatre droits fondamentaux : le droit de refuser un client, de mettre des conditions aux prestations sexuelles, d’interrompre tout acte si besoin, et de ne pas être forcée à faire quoi que ce soit. Ce contrat, qui définit la prostitution comme un réel travail légal, garanti un salaire minimum, mais ouvre également la porte à la sécurité sociale, à des vacances, et à la cotisation pour la pension. Cette loi illustre la possibilité de concilier respect de la liberté humaine et lutte contre l’exploitation sexuelle. Il s’agit d’une avancée majeure vers une société plus juste et inclusive, dont plusieurs pays s’inspirent aujourd’hui. La Thaïlande, l’Afrique du Sud ou encore l’Autriche sont en pleine discussion sur la question.