« Maman, j’ai raté mon train », c’est la phrase que tous redoutent de devoir prononcer au moment des chassés-croisés des vacances d’hiver. Cette référence à la comédie familiale par excellence des fêtes de fin d’année, Maman j’ai raté l’avion illustre parfaitement l’angoisse des Français en préparation de leurs trajets pour les fêtes.
Chaque année c’est un scénario identique qui se répète. Le stress du prix des billets s’ajoute à la peur de ne pas avoir de place, et à l’inquiétude des annulations possibles. Un mélange qui pèse sur les angoisses déjà présentes ; les bilans de fin d’année, les révisions et les examens. Bienvenue dans l’anticipation des trajets de Noël.
« On croise les doigts »
Dès le 1er octobre, la SNCF a ouvert les ventes de billets pour la période des fêtes. En quelques heures, 1,6 million de billets ont été achetés. « Il faut s’y prendre tôt. Certains ne rentrent qu’à cette période, il est bon de pouvoir prévoir son retour en avance. » explique Catarina, 42 ans, qui retourne dans les Alpes pour faire le réveillon sous la neige.
La météo est aussi un facteur de crainte pour les usagers, la neige et les retards qu’elle peut engendrer ainsi que les annulations possibles en cas de verglas accentuent l’inquiétude des voyageurs. Ce sont les mots de Maude, 67 ans, qui rassurent alors le mieux : « Anticiper, c’est maitriser la situation, après on croise les doigts, ça ne dépend plus de nous. »
Une nouvelle tradition pour les fêtes
Les records de ventes impressionnent, 5 000 billets ont été vendus à la minute. Mais derrière cette ruée festive se profile pourtant une crainte tout autre que la météo : celle de la grève de Noël.
En effet, depuis plusieurs années, Noël rime avec grève. En 2019, une grève avait paralysé les trafics du 5 au 31 décembre. Plus récemment, en 2022, un autre blocage avait entraîné la suppression de deux TGV sur cinq les 24 et 25 décembre. « Ce que je déteste c’est l’incertitude, même en ayant mon billet, j’ai peur de ne pas avoir mon train » témoigne Jeanne, 31 ans.
Noël et son ambiance rassurante sont aujourd’hui synonymes de stress et de préparation. Si ce ne sont pas les cadeaux qu’on réfléchit et qu’on anticipe, ce sont les billets de train et les solutions en cas de problème de trajet. « Chaque année j’avais la même peur, maintenant c’est covoiturage, je préfère les bouchons » ironise Paul, 24 ans, qui a renoncé aux trains après l’annulation du sien il y a trois ans, le laissant coincé à Lille pour Noël.
Au fil du temps, les trajets de fin d’année sont devenus un véritable parcours verglacé. Préparer son retour pour Noël semble relever autant de l’organisation que du miracle. La seule chose que l’on souhaite alors vraiment, ce n’est pas le cadeau parfait sous le sapin, ou le repas qui se finira avant que le pantalon ne cède. Ce qu’on veut par-dessus tout, c’est de ne pas avoir à annoncer : « Maman, j’ai raté mon train !»