Chaque année, dès que les jours raccourcissent, certains voient aussi leur moral s’assombrir. Ce trouble, bien réel et encore trop méconnu, se nomme la dépression saisonnière. Elle touche beaucoup de monde à l’approche de l’hiver, quand la lumière naturelle se fait plus rare.
Je me sens vidé, sans énergie
« Je n’aime pas qualifier ça de dépression, le mot est trop fort” témoigne Arthur, étudiant à l’université catholique de Lille. “C’est plutôt un gros coup de fatigue. Le stress des examens, les journées qui finissent à 17 h, le manque de soleil… tout s’accumule. J’essaie de sortir, de faire du sport, de voir mes amis. Même dix minutes dehors, ça change tout. »
Ce qu’il décrit est typique de la dépression saisonnière, un trouble cyclique qui apparaît souvent entre octobre et février et s’atténue avec le retour du printemps. Selon la psychologue clinicienne Stéphanie Joly, « la dépression saisonnière montre les mêmes signes qu’une dépression classique : tristesse, ralentissement, perte de motivation, isolement… Mais sa particularité, c’est sa récurrence. Les symptômes reviennent chaque année, à la même période, puis disparaissent d’eux-mêmes. »
Une histoire de lumière… et de cerveau
À l’origine de ce trouble : la baisse de luminosité. En automne et en hiver, les journées raccourcissent, la lumière naturelle diminue. « On parle parfois de “novembrose”, car le mois de novembre concentre tous les ingrédients : grisaille, pluie, changement d’heure, fatigue accumulée. Ce n’est pas un hasard si beaucoup disent : « je n’en peux plus du mois de novembre” », sourit la psychologue.
Saïda, infirmière, observe le phénomène sans en souffrir directement : « Je ne me sens pas plus mal l’hiver, mais je vois beaucoup de patients fatigués, tristes. Dans mon cas, c’est plus une question de manque de soleil. Dès qu’un rayon sort, je file marcher. Ça change tout. »

À l’inverse, Maïa, étudiante, en souffre chaque hiver. « En novembre et décembre, j’ai envie de ne rien faire. Même mes passions, je les laisse tomber. J’ai l’impression d’être ailleurs, dans le brouillard. Heureusement, je sais que ça passe quand les jours rallongent.

Accompagnée par un médecin et une psychologue, Maïa refuse toutefois les médicaments : « Je veux comprendre d’où ça vient, pas juste masquer le problème. Pour moi, parler, voir des gens, c’est ce qui aide le plus. » Une analyse que confirme Stéphanie Joly : « Le lien social, l’activité physique, la lumière naturelle sont des leviers essentiels. Parfois, une simple promenade quotidienne suffit à rétablir un peu d’équilibre. »