Cela fait plus d’un an et demi que Terence donne de son temps à la Croix Rouge : un engagement dont il est fier et qui lui demande aussi du temps et de l’organisation. Située Porte de Valenciennes, la structure met à disposition des vêtements et de la nourriture, assure la réception du courrier…
Le jeune homme de 22 ans nous ouvre la porte de l’unité locale de la Croix Rouge avec un grand sourire. D’où vient cette volonté de s’engager au service des autres ?
Térence : « Je viens de la campagne, et lorsque j’ai commencé mes études à Lille, j’ai été très choqué par la précarité dans cette ville. Le nombre de personnes sans abri m’a particulièrement marqué. D’abord, je me suis engagé dans les associations de mon école, puis j’ai voulu rejoindre une structure ayant les moyens et l’expérience nécessaires pour aider efficacement. C’est ainsi que je me suis rapproché de la Croix-Rouge. »
Quel est votre rôle ici dans l’unité locale de la Croix Rouge ?
Térence « Je m’occupe de l’accueil et de l’orientation des personnes. Nous sommes le premier contact que les bénéficiaires ont avec la Croix-Rouge. Nous répondons aux questions, gérons les rendez-vous pour l’aide alimentaire et expliquons les démarches ainsi que les aides proposées par la structure. Nous sommes très à l’écoute, l’objectif étant d’identifier les besoins des personnes et de les orienter au mieux. »
Qu’est ce que cet engagement vous apporte concrètement ?
Térence : « Ça m’a apporté un moyen d’aider, j’ai suivi des formations qui m’ont appris très concrètement comment me rendre utile. En tant qu’étudiant, je suis très heureux de m’être engagé. Au sein de l’association, j’ai rencontré des personnes que je ne croise pas nécessairement dans mon quotidien : des retraités, des actifs qui donnent de leur temps et des jeunes en service civique. »
Comment est ce que vous faîtes pour allier vos études et votre engagement ?
Térence : « J’ai la chance de ne pas avoir besoin de faire un job étudiant pour payer mes études. Il m’est donc tout à fait possible de donner quelques heures de mon temps chaque semaine. Parfois, lorsque je ne peux pas me rendre disponible, nous nous relayons entre bénévoles. Nous sommes là par choix et pour la durée qu’on souhaite. »
J’imagine que travailler ici vous a fait avoir un tout autre regard sur les inégalités ?
Térence : « Oui, il y a une différence entre savoir qu’il y a des inégalités et en avoir conscience parce qu’on les voit. On est tous conscients que la précarité existe mais là, on va un cran plus loin. On rencontre des gens qui ont un logement mais qui sont dans des situations compliquées. Quand je suis confronté à des cas graves, ça me permet en tant qu’étudiant de garder les pieds sur terre. On ne réduit pas les gens à leurs problèmes, on est surtout là pour maintenir un lien social. »
Qu’est ce que vous répondez à ceux qui disent que les jeunes d’aujourd’hui sont démotivés ?
Térence : « Je ne crois pas qu’on soit démotivés. Ce que je vois à la Croix Rouge, ce sont des stagiaires, des étudiants et des jeunes bénévoles qui ont vraiment envie d’aider et qui s’investissent autant qu’ils le peuvent. Dans notre génération on questionne le sens du travail. Ce qu’on veut c’est avoir un métier qui sert à quelque chose. On se demande pourquoi on travaille, pourquoi on donne de l’énergie. Est-ce que ça vaut le coup ? On a envie de travailler pour des choses qui nous tiennent à cœur et qui nous semblent utiles. Je pense que c’est une bonne chose. »
Propos recueillis par Suzanne Josse