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    « Too big to fail » : les puis­santes banques fran­çaises chantent ce refrain sur le risque de faillite

    Qui pourrait se douter que trois de nos plus impor­tantes banques jouent avec l’argent du contri­buable pour rehausser leurs cours boursier ? Démonstration avec les dernières décisions prises à l’unisson par la Société Générale, la BNP Paribas et le Crédit Agricole.

    Les trois premières banques de France, en dehors du groupe BCPE,
    Michel GANGNE, AFP

    En terme d’actifs, nos banques sont de véri­tables mas­to­dontes. Plus de cinquante millions de clients pour le Crédit Agricole, et une trentaine pour la BNP Paribas et la Société Générale, en étant res­pec­ti­ve­ment sixième, dixième et vingtième au rang mondial le 30 janvier dernier : la France aime la finance et tient tête aux géants chinois et amé­ri­cains lorsqu’on les compare en rapport d’échelle.

    Pourtant, lorsqu’on se rapporte aux cours en bourse, la perte récente d’actifs est consi­dé­rable, autant en volume qu’en nombre : BNP Paribas ‑14%, Société Générale ‑12% et Crédit Agricole ‑8%. Ces chiffres laissent à penser qu’une part impor­tante de clients et d’in­ves­tis­seurs quittent ces banques. Or, la valeur d’une action qui baisse est toujours synonyme d’une baisse de rendement ou d’une inquié­tude, voire d’une perte de confiance. Reste ensuite à savoir s’il n’y a pas de fumée sans feu. On est encore loin des ‑98% en bourse de Lehman Brothers avant sa faillite, mais il y a tout de même eu un sursaut chez les analystes économiques.

    Présentation réalisée par Lexis Nexis Risk Solutions (mis à jour chaque mois)
    Top 50 des banques mondiales du 30 janvier 2024

    Comment expliquer cette chute ?

    Comment une banque fait-​elle faillite ? Généralement par défaut de rem­bour­se­ment de crédit. C’est ce qu’on appelle de manière policée le « coût du risque » en finance. Or la BNP, la Société Générale et le Crédit Agricole aime bien ce « coût du risque » et spéculent énor­mé­ment dessus. Au risque de se tromper d’in­ves­tis­se­ment, d’ac­cu­mu­ler des pertes trop impor­tantes et d’en­clen­cher une réaction en chaîne. D’où le départ de nombreux inves­tis­seurs et clients.

    « Vague de faillite d’en­tre­prises à travers l’Europe » titre le Monde, tandis que Capital, la Tribune et Libération imitent les mêmes craintes : il sem­ble­rait que 2024 soit destiné à devenir l’année des faillites d’en­tre­prises, avec l’im­mo­bi­lier en premier secteur touché après les obli­ga­tion d’état.

    Graphique « le poids des faillites dans le bilan des banques »,
    Réalisé par les Échos selon les chiffres de la Banque de France

    Analysons le problème avec les chiffres à notre dis­po­si­tion. Avec ce graphique au-​dessus, on dispose de l’é­vo­lu­tion du nombre de faillites d’en­tre­prises dans le temps. De manière générale, une baisse du nombre de faillite on voit ça posi­ti­ve­ment. Et comme vous pouvez le constater, suite à l’année 2020, il y a eu une grande baisse, donc ce serait positif, parce qu’il y aurait moins de faillites ?

    Malheureusement non. 2020 – 2021 c’est le début du « quoi qu’il en coûte ». L’état assure la pérennité des entre­prises en dis­tri­buant des gros chèques un peu dis­pro­por­tion­nel­le­ment. Ainsi, les entre­prises qui auraient dû faire faillite pendant la crise sanitaire ont survécu. Nombre d’entre elles se trouvent désormais inca­pables de rem­bour­ser leurs crédits bancaires sup­plé­men­taires, ou se retrouvent en inca­pa­cité à s’adapter au redé­mar­rage du monde éco­no­mique post-Covid.

    Cette baisse drastique des faillites a eu un coût énorme pour la dette de l’Etat. « Les défaillances ont augmenté de 35% en un an et dépassent leur niveau d’avant-​Covid » s’in­quiète le Figaro. Le danger main­te­nant est que ce nombre de faillite explose et aille encore au-​delà. En effet, avec la hausse des taux d’in­té­rêts de la BCE supérieur à 4%, les crédits sont d’autant plus dif­fi­ciles à rem­bour­ser, et de nom­breuses entre­prises zombies risquent de faire défaut de paiement au fil de cette année. Les esti­ma­tions vont de 56000 à 62000 défaillances prévues en 2024.

    Dopage éhonté en bourse : « Privatisation des gains, socia­li­sa­tion des pertes »

    Une banque française peut prêter 5 fois plus d’argent qu’elle n’en possède : le but, pouvoir prêter à un maximum d’actifs en même temps, en misant sur le fait que jamais tout le monde ne retirera son argent sur la même période. Face au risque potentiel de faillite, la logique voudrait que la BNP, la Société Générale et le Crédit Agricole accumule du gras pour l’hiver en consti­tuant des réserves bancaires. Au lieu de cela, elles décident de récom­pen­ser leurs action­naires fidèles en aug­men­tant leur dividende.

    Comme si cela ne suffisait pas, elles rachètent leurs propres actions avant de les remettre sur le marché afin d’aug­men­ter arti­fi­ciel­le­ment leur valeur en bourse. Une pratiques finan­cière pour le moins douteuse, qui n’est pas consi­dé­rée comme illégale selon nos traités européens, et qu’aucune légis­la­tion française n’est en mesure de restreindre.

    Dans un monde éco­no­mique sain, cela n’est pas possible, lorsque les temps sont durs on se serre la ceinture. La Société Générale augmente le coupon de l’action à 90 centimes en terme de dividende, et programme un rachat d’action de 280 millions d’euros. BNP Paribas relève de 18% son dividende par action et rachète à hauteur de 1 milliard d’euros de ses propres actions. Le Crédit Agricole propose un dividende de 1,05 euros par action, soit une hausse de 24% sur un an.

    Pourquoi ces grandes banques n’ont pas peur de la faillite ?

    « Too big to fail », ou « trop gros pour faire faillite », c’est une expres­sion qui explique que lors­qu’une banque est trop impor­tante et possède trop d’actifs, il est inen­vi­sa­geable de la laisser s’é­crou­ler, car le chaos qui en résul­te­rait serait trop dangereux. Résultat : qui paye les pots cassés ? L’État. Vous, moi, tout le monde au cas où vous ne l’auriez pas traduit.

    Cette démarche pourrait être résumée ainsi : « une pri­va­ti­sa­tion des gains et une socia­li­sa­tion des pertes ». Traduction : « Si on gagne, les action­naires emportent la mise, si on perd, c’est vous et moi qui payons l’ad­di­tion ». Et comme notre économie est chargée d’une dette struc­tu­relle de plus de 3.000 milliards d’euros, qui ne cesse d’aug­men­ter, inutile de dire que ce sera la banque centrale qui sera obligée d’in­ter­ve­nir. Un gros chèque de création monétaire qui ne fera qu’a­li­men­ter d’autant plus le phénomène infla­tion­niste que l’on arrive à peine résorber.

    Alors que nous sommes tous d’une manière ou d’une autre écrasés par les taxes, les impôts et les normes, d’autant plus pour les agri­cul­teurs, le haut du panier bancaire français assure son avenir sans être inquiété par les consé­quences de ses inves­tis­se­ments. Une logique qui laisse la finance agir au détriment de l’intérêt général de façon tota­le­ment débridée. Avec une telle juris­pru­dence et un tel filet de sécurité, il va sans dire que l’on donne le bâton pour mieux se faire battre.

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