Chaque jour, dans le monde, des hommes violent, blessent, traumatisent ou tuent des femmes, parfois même leur compagne. C’est ce qu’on appelle un féminicide : tuer une personne du sexe féminin pour la simple et bonne raison qu’elle est une femme.
Il existe différentes définitions du terme « féminicide », certaines incluant l’assassinat d’une femme par son conjoint ou ex-conjoint, d’autres plus larges, reprenant tout meurtre de personne du sexe féminin. L’OMS distingue plusieurs cas de féminicides. Le premier est surnommé « l’intime », et est commis par le conjoint actuel ou ex de la victime. Il correspond à 35% des femmes tuées dans le monde. Le deuxième cas, appelé « crime d’honneur » est le meurtre (d’une femme) justifié par la transgression des lois morales ou traditionnelles. Le troisième féminicide, lié à la dot, est associé à l’apport d’une somme d’argent insuffisante lors du mariage. Le dernier, lui, qualifié de « non intime », est un crime lié à une agression sexuelle ou dans lequel la femme est explicitement visée. Selon l’ONU, au moins 87 000 femmes ont été tuées de manière intentionnelle en 2017, dont 58% par leur partenaire ou un membre de leur famille.
Un décès tous les trois jours
En France, plus de 100 femmes meurent chaque année, ce qui équivaut à un décès tous les trois jours. L’Étude nationale sur les morts violentes au sein du couple a démontré que 82% des morts au sein d’un ménage sont des compagnes. Aujourd’hui, une femme sur trois est assassinée par son conjoint. Selon le bilan du ministère de l’Intérieur, le nombre de féminicides a augmenté de 20% entre l’année 2020 et l’année 2021. Durant l’année 2021, 122 femmes sont mortes sous les coups d’un homme. Le Collectif des féminicides par compagnons ou ex a reporté que depuis le 1er janvier 2022, déjà 102 ont été assassinées. En moyenne, 94 000 femmes de 18 à 75 ans sont victimes de viol et/ou de tentatives de viol au cours d’une année, dont 47% ont été perpétrées par leur conjoint ou ex. En 2019, le nombre de femmes à avoir subi des violences physiques et/ou sexuelles commises par leur partenaire était estimé à 213 000.
Le terme « féminicide » est officiellement entré dans le vocabulaire des sciences humaines de France en 2014. Cependant, il n’est toujours pas reconnu dans le Code pénal. Pourtant, ce phénomène démontre un vrai problème dans la sphère publique et met en lumière les difficultés d’inégalités de genre, ainsi que les représentations sexistes des femmes dans la société. Françoise Brié, directrice générale de la Fédération nationale solidarité des femmes (FNSF) déclare que « nous vivons dans une société où les inégalités de genre et les stéréotypes sexistes sont ancrés. Tuer sa femme n’est pas un acte personnel, c’est un déni des droits fondamentaux des femmes. Lors d’un féminicide, le conjoint ne tue pas par amour, il ne supporte pas que sa femme le quitte ou s’émancipe, car il la considère comme sa propriété ». Elle explique également qu’il faut « s’interroger sur nos constructions sociales, en particulier les représentations sexistes des femmes dans l’espace public, ne serait-ce que par rapport aux stéréotypes utilisés dans les publicités ».
Sur tous les continents, dans tous les milieux
Ce qui ressort de toutes ces analyses, c’est que les signaux envoyés par les femmes ne sont pas assez pris en compte. La plupart des auteurs de ces crimes avaient déjà fait l’objet de plainte(s) ou d’enquête(s) pour violences, dont parfois (souvent) pour violences conjugales. Non, ça n’arrive pas qu’aux autres. Les féminicides touchent les femmes issues de tous les continents et concernent tous les milieux, c’est pourquoi il est primordial d’être attentif aux autres et d’ouvrir les yeux.