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    Le fragile Conseil pré­si­den­tiel de tran­si­tion face aux gangs en Haïti

    Un Haïtien brandit le drapeau de son pays lors d’une mani­fes­ta­tion à Port-​au-​Prince pour demander le départ du Premier Ministre par intérim, Ariel Henry, le 07 mars 2024. Photo par Joseph Odelyn, photo-​journaliste indé­pen­dant en Haïti

    Au cours de l’année 2023, l’ONU dénom­brait 8 400 personnes tuées, blessées ou enlevées en Haïti.
    Dans le pays le plus pauvres des Amériques, les gangs armés font la loi depuis l’assassinat du président Jovenel Moise en 2021. Samedi 23 mars, les frai­che­ment nommés membres du Conseil Présidentiel de Transition, chargés d’apporter une solution à la crise politique, se réunis­saient pour la première fois. 

    Pendant le week-​end, les esprits se sont échauffés entre les neuf membres du Conseil Politique de Transition(CPT). Les repré­sen­tants des dif­fé­rentes factions poli­tiques, de la société civile et de la sphère reli­gieuse haïtienne sont chargés de nommer une personne par inté­ri­maire à la tête du pays, avant d’organiser au plus vite des élections légitimes. Les dernières élections pré­si­den­tielles dans le pays remontent à 2016. 

    Source : Division Géographique de la Direction des Archives du Ministère des Affaires Étrangères. 2005

    Dans ce pays des Caraïbes, la situation huma­ni­taire est alarmante. Déjà fortement exposée aux aléas naturels, la popu­la­tion haïtienne a été frappée de plein fouet par la crise sanitaire du Covid-​19. En juillet 2021, près de la moitié des habitants de l’île étaient en situation d’insécurité ali­men­taire aiguë selon l’organisation pour l’alimentation et l’agriculture des Nations Unies. 

    Une situation aggravée par l’instabilité politique qui touche le pays depuis plusieurs années. Dans la nuit du 07 juillet 2021, le président Jovenel Moïse est retrouvé assassiné à son domicile. Le 02 mars dernier, le péni­ten­cier national et la prison de la Croix-​des-​Bouquets sont pris d’assaut par deux des gangs les plus influents de Port-​au-​Prince. Regroupés sous la bannière “Viv Ansanm“ (Vivre Ensemble), les agres­seurs réclament la démission du Premier ministre Ariel Henry, alors à la tête du pays. 
    3 600 détenus sont lâchés dans la capitale et l’état d’urgence est déclaré dans le dépar­te­ment Ouest du pays. Parmi les évadés, certains chefs de gangs puissants ainsi que des mer­ce­naires impliqués dans le meurtre de l’ancien président. 

    Après la fermeture de l’aéroport inter­na­tio­nal Toussaint-​Louverture, pris entre deux feux lors d’un affron­te­ment entre bandes armées, Ariel Henry n’a pas pu retourner sur le ter­ri­toire haïtien. Il effec­tuait, depuis le 29 février, un voyage diplo­ma­tique au Kenya pour négocier les termes de l’envoi de 1 000 policiers en Haïti, dans le cadre d’une mission super­vi­sée par l’ONU. 
    Lundi 11 mars, le Premier ministre annonçait sa démission et la mise en place du conseil de tran­si­tion pré­si­den­tiel, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux depuis Porto-Rico. 

    « Dieu bénisse Haïti » 

    Investi à la tête du pays en juillet 2021, la démission du Premier ministre était appelée des vœux d’une majorité de la popu­la­tion haïtienne depuis que Jovenel Moïse l’avait désigné comme son bras droit, deux jours avant son assas­si­nat. Presque trois ans plus tard, le bilan est mitigé :
    Depuis sa prise de pouvoir, Ariel Henry n’a ni organisé des élections pré­si­den­tielles légitimes pour le remplacer, ni démis­sionné le 7 février 2024, comme convenu lors de sa prise de pouvoir. Selon Jean Marie Théodat, ensei­gnant à la Sorbonne et à l’Université d’État d’Haïti, récemment prise pour cible par les gangs : « Les bandits sont repassés à l’attaque pour combler un vide que l’incompétence du Premier ministre a rendu encore plus béant ». 

    Au premier rang des détrac­teurs d’Ariel Henry et de son gou­ver­ne­ment, on retrouve en effet les gangs haïtiens.
    Lors d’une interview donnée à la presse au début du mois, Jimmy Chérizier, leader du G9, l’un des groupes armés les plus influents de Port-​au-​Prince déclarait ceci : « Nous allons combattre Ariel Henry jusqu’à la dernière goutte de sang, S’il ne se retire pas, le pays va droit vers un génocide ».

    « Soit Haïti devient un paradis pour nous tous, soit un enfer pour nous tous » 

    Jimmy Chérizier alias “Barbecue“, 46 ans et chef du gang G9, lors d’une interview donnée à la presse en mars 2024
    Photo Par Joseph Odelyn, photo-​journaliste indé­pen­dant en Haïti AP/​SIPA

    Avec 60% de la popu­la­tion sous le seuil de la pauvreté et 4,9 millions de personnes souffrant de “faim aigue“, les chefs des gangs, qui contrôlent actuel­le­ment 80% de la capitale, se pré­sentent comme les sauveurs des citoyens haïtiens, jouant un rôle de pro­tec­tion que les pouvoirs publics se sont montrés inca­pables d’assurer pleinement.

    « Je ne suis pas un voleur, je mène juste un combat social pour réclamer une vie meilleure pour tous les gens à travers le monde. » déclarait Jimmy Chérizier devant les caméras au début du mois.
    L’ancien membre de la police haïtienne est pourtant impliqué aux yeux de la justice inter­na­tio­nale dans le massacre de La Saline. Le 13 novembre 2018, les cadavres de 73 habitants de ce quartier, connu pour être le point de départ de nom­breuses mani­fes­ta­tions contre le pouvoir en Haïti, comme ce fut le cas deux jours plus tôt, sont retrouvés. L’identification par les forces de l’ordre prend du temps ; certains corps sont mutilés, d’autres décapités ou encore car­bo­ni­sés. Deux membres de l’administration Jovenel Moïse, Joseph Pierre Richard Duplan et le ministre de l’Intérieur Fednel Monchery sont suspectés d’avoir été à l’origine de ce massacre, organisé sur place par Jimmy Chérizier, désormais surnommé “Barbecue“. 

    A Grand-​Ravine, l’un des quartiers les plus pauvres de Port-​au-​Prince, Ti Lapli, le chef du gang local, a fait démarrer en 2022, la construc­tion d’un hôpital, un chantier financé par l’industrie du kid­nap­ping.
    « Si on connait des gens qui ont beaucoup d’argent, on leur demande de partager. » se justifiait-​il dans un reportage publié sur la chaine YouTube Immersion repor­tages et docu­men­taires en mai 2023. Mais les gangs ne ciblent pas seulement les plus aisés. En 2023, le Haut-​Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme dénom­brait 2 951 personnes enlevées à travers le pays, la plupart des victimes ayant été recensées dans la capitale, désormais surnommée “Kidnapping City“.

    Dimanche, Dominique Dupuy, repré­sen­tante de la coalition “EDE/​RED/​Compromis his­to­rique“ au sein du conseil pré­si­den­tiel de tran­si­tion a déclaré sa démission, à la suite de menaces de mort proférées contre sa famille. Le conseil, désormais exclu­si­ve­ment masculin, s’est réuni lundi avec les repré­sen­tants de la Communauté Caribéenne (CARICOM). Des désac­cords sont apparus sur la per­son­na­lité à désigner à la tête du futur organe dirigeant d’Haïti, a indiqué l’un de ses membres à l’AFP. 

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