L’annonce du plan social d’Auchan concernant la suppression de milliers de postes et la fermeture de plusieurs magasins provoque une onde de choc dans les Hauts-de-France. La situation à Englos et Villeneuve‑d’Ascq, durement touchés, illustrent le désarroi des salariés.
Dans toute la France, les 2 389 suppressions de postes prévues par Auchan résonnent comme un véritable « séisme social, un véritable choc psychologique », selon Gérald Villeroy, délégué syndical CGT Auchan Retail France. Dans les Hauts-de-France, où Auchan est historiquement enraciné, la colère et la tristesse des salariés sont particulièrement intenses. « Les gens étaient effondrés, en pleurs », témoigne Gérald Villeroy, qui décrit la réaction de nombreux employés face à l’annonce, notamment ceux de plus de cinquante ans, pour qui cette restructuration signifie une angoisse profonde. « Il nous faut un responsable dans cette affaire, et on ne va pas pointer du doigt le salarié qui ne démérite pas et qui reste fidèle à l’entreprise depuis plusieurs années », ajoute-t-il, dénonçant un sentiment de trahison ressenti par les salariés, qui ont l’impression d’être jetés « comme des Kleenex usagés ».
Englos et Villeneuve-d’Ascq : deux exemples frappants
À Englos, l’ambiance au sein du magasin est marquée par une « haine mêlée de déception », explique ce représentant de la CGT. Dans ce Auchan, le plan de sauvegarde de l’emploi concerne 12 postes dans le secteur de la vente d’équipement, et le magasin souhaite réduire son ratio de frais de personnel de deux points, ce qui pourrait toucher 70 postes. « Malgré les nombreuses remarques exprimées depuis des années sur la stratégie d’entreprise, Auchan semble aujourd’hui nous abandonner », confie le syndicaliste, décrivant un moral des équipes totalement « en chute libre ». Au V2 de Villeneuve‑d’Ascq, où plusieurs postes sont également en jeu, l’avis est plus nuancé. Un employé anonyme se veut rassurant : « Pour nous, ça ne change pas grand-chose, ce n’est pas comme si le magasin allait fermer. Cela ne touche que peu de personnes ».
Une région meurtrie en quête de réponses
« Une réunion sera bientôt organisée afin de déterminer les modalités de reclassement volontaire des salariés. Si ce n’est pas possible, les départs contraints seront gérés et des indemnités, conventionnelles ou supra-légales, seront ainsi négociées avec les organisations syndicales », précise le délégué syndical. Alors que les négociations commencent, le plan social d’Auchan touche une région où l’enseigne est fortement implantée. « Il y a une perte d’équilibre professionnel dans un monde du travail instable », poursuit-il, soulignant l’incertitude pesant sur les familles et les communautés locales. Les salariés d’Englos, Villeneuve‑d’Ascq et d’autres sites Auchan craignent que la réduction des postes et les fermetures de magasins ne fragilisent davantage le tissu économique local.