Selon le droit constitutionnel, les citoyens consentent à l’impôt par l’intermédiaire de leurs représentants. Malgré un contexte d’inflation, on demande aux Français de se serrer la ceinture par des hausses d’impôts, sans efforts réciproques de la classe politique. Si certains dénoncent un biais « démagogique », d’autres voient notre cohésion sociale menacée.
La Cour des Comptes vient de publier le rapport sur la situation financière du système de financement de nos retraites depuis la dernière réforme. Ayant à plusieurs reprises fait l’objet de polémiques et de manifestations, elle était finalement adoptée au 49.3, le 14 avril 2023.
À peine deux ans plus tard, c’est un déficit de 6 milliards d’euros qui est annoncé, très loin de l’austérité budgétaire vantée par le gouvernement. « Le déficit dérivera vers 30 milliards dans les années qui viennent, si l’on ne fait rien », précise François Bayrou.
Le Premier ministre ajoute d’ailleurs : « les chiffres sont en cohérence avec ce que la toute petite équipe du Plan avait dit ». « Le Plan », c’est cette délégation d’experts, chargée de mettre en perspective des réformes d’ampleur. Le Haut-Commissaire au Plan, le directeur de cette « petite équipe », n’est autre que François Bayrou lui-même.
Le Haut-Commissaire avait tout prévu budgétairement, sauf son propre coût
N’ayant jamais existé auparavant, le poste de Haut-Commissaire avait été créé sur mesure par Emmanuel Macron, à la suite de l’alliance électorale du MoDem avec En Marche. Quantité très maigre de rapports produits, aucune application de ceux-ci, et même collusion avec les fonctions d’une autre entreprise de fonctionnaires, France Stratégie, la petite équipe de François Bayrou peine à justifier son salaire.
Au Sénat, on évoquait sa suppression, pour rester cohérent avec l’effort de réduction de la dépense publique. Déposé par un amendement de Nathalie Goulet, sénatrice de l’Orne, elle soutenait avec le rapporteur de la motion, une fusion avec France Stratégie, et une réduction drastique, voire totale, du budget alloué « au Plan », soit une enveloppe de 1,9 million d’euros.
Le rapporteur du gouvernement, s’est affirmé défavorable à cet amendement, sans développer d’autre argumentation. Malgré tout, le Haut-commissariat au Plan est supprimé par le Sénat le 22 janvier.
Bayrou perd un poste mais cumule toujours plus de mandats
L’ancien Haut-Commissaire au Plan est loin d’être à la retraite. En plus de ses prébendes de Premier ministre, il a également insisté pour conserver la charge de maire de Pau, au prix d’une regrettable polémique contextuelle à la situation de Mayotte, et à des frais de déplacement dépassant les subventions accordées à la municipalité paloise.
Pourtant, lors de la campagne présidentielle de 2007, François Bayrou avançait dans son programme la suppression du cumul des mandats, tout du moins des revenus associés. Dans un premier temps, le Premier ministre nie, puis, devant le fait accompli avoue « avoir peut-être oublié ». Un refrain devenu assez commun, refusant toute responsabilité, que ce soit dans les dossiers budgétaires, ou ceux de Notre-Dame de Bétharram.
La retraite de l’État : généreuse pour ses plus hauts serviteurs
Le budget du gouvernement Michel Barnier, avait mis en avant la suppression de l’enveloppe destinée aux anciens présidents de la République et aux anciens Premiers ministres. Épaisse de 2,8 millions d’euros par an, elle comprend voitures de fonction, agents de sécurité, loyers (les bureaux de Nicolas Sarkozy situés dans le 8e arrondissement de Paris ont coûté 169 646 euros aux contribuables en 2022. François Hollande a, de son côté, dépensé 153 903 euros en loyers et taxes pour ses locaux situés rue de Rivoli).
Étonnamment, et malgré de nombreuses similarités du budget du gouvernement Barnier avec celui de Bayrou, la suppression de cette enveloppe n’est plus à l’ordre du jour. « Je n’étais pas au courant » insiste François Bayrou. Un simple oubli alors, rattrapé à nouveau par les amendements du Sénat.