A l’instar du LOSC, Marcq-en-Barœul défendait la région en Coupe de France ce week-end. Pour les 32es de finale, au stade George Niquet, les Marcquois recevaient l’ESTAC de Troyes, pensionnaire de Ligue 2. Cependant, les locaux se sont tout de même inclinés 3 à 1 face au club Aubois.
Un affrontement entre deux mondes
Samedi 20 décembre, 15h30. Alors que Lille s’était déplacé à Saint-Maur pour y affronter l’US Lusitanos, un autre club représentait la métropole. À l’occasion des 32es de finale de la Coupe de France, Marcq-en-Barœul affrontait l’ESTAC, club professionnel et membre de la galaxie de Manchester City.
Sur le papier, l’histoire semblait écrite d’avance. Marcq joue en Régionale 1, loin du milieu professionnel, avec un budget mesuré. Un football du quotidien, amateur en somme. De l’autre côté, l’ESTAC de Troyes, qui incarne un football moderne, professionnel et structuré à la City Football Group. La City Football Group administre onze clubs à travers le monde, avec Manchester City comme figure de proue. Cette holding est majoritairement détenue par le Abu Dhabi United Group, société émiratie proche du pouvoir.
Ainsi, l’écart entre les deux équipes demeure dans les divisions, mais également dans les infrastructures, la préparation et l’expérience. Pourtant, au coup d’envoi, les Marcquois faisaient fi de ces écarts. Le stade plein, bruyant, était conscient de vivre un moment rare. Ce n’est pas tous les jours qu’un club régional affronte un pensionnaire de Ligue 2.
Au bord du rêve
Si on définissait le courage, il pourrait s’écrire sur les gestes des joueurs de Marcq. Volontaires, incisifs et follement ambitieux, ils prient le début de match de la plus belle des façons. Jusqu’à rêver de faire plier l’adversaire aubois. À peine la dizaine de minutes passée, et c’est le feu follet Seny Diaby qui démarre la fête d’une frappe du pied droit imparable (1−0, 8e). De quoi faire douter, un instant, lequel est pensionnaire de Ligue 2 dans ce match des contraires.
Les Troyens sont gênés, acculés par un pressing efficace des Nordistes et se contentent de dominer la possession du ballon. Le rêve est là, palpable, mais vacille face à la qualité des joueurs adverses. Même si le collectif des visiteurs peine à se montrer, leurs individualités, elles, prennent le pas. Le joueur aux cinq saisons de Ligue 1, Renaud Ripart, amène ce mouvement et fait souffler un vent glacial dans le dos des spectateurs du match, touchant le montant droit après une belle frappe croisée (25e). Les Marcquois, éreintés physiquement par un début de match au volume d’intensité rarement expérimenté, vont se remettre en selle et finir le premier acte de la meilleure des façons. Deux actions rondement menées, deux belles occasions, mais deux frappes qui fuient le cadre (34e, 37e). Deux balles de break, mais deux balles, surtout, qu’il ne faudra pas regretter.
Et au retour des vestiaires, la dynamique change. Les Aubois multiplient les courses et les dédoublements, gagnant leurs premiers duels importants du match. Les locaux sont divisés, soufflés sur place par la remise en forme de leurs adversaires. Mais ils n’en démordent pas : ils veulent gagner, et les supporters vont dans leur sens. Un vrai sentiment d’unité naît dans le stade Georges-Niquet avant que ne s’abatte la guillotine. Huit minutes après le début du second acte, c’est Elijah Odede qui coupe parfaitement le ballon au second poteau et coiffe le gardien nordiste d’une reprise de volée décisive (1−1, 52e). Secoués par le retour dans le match des Troyens, les occasions vont se raréfier pour le club du sixième échelon français. Les relances sont moins précises, les seconds ballons sont perdus et les buts sont mal gardés. Et à la 78e minute, le coup de massue. Troyes passe devant (1−2, 78e) à la suite d’une frappe cachée de Mouhamed Diop amenée par une largesse défensive inhabituelle. La rencontre est close, les espoirs se dissipent et les travées se dégagent pour laisser place au moment buvette. Les Aubois vont même parachever leur succès en fin de match avec un troisième but par un exploit personnel de Tawfik Bentayeb qui, au terme d’un effort solitaire, arme sa frappe et voit le ballon percer la lucarne des buts marcquois (1−3, 81e). Rideau.
La logique respectée, le symbole intact
A l’arrivée, les Marcquois ne peuvent pas avoir de regrets. Les joueurs ont clairement été à la hauteur de la compétition. Ce 32es de finale n’a, certes, pas renversé l’ordre établi, mais a rappelé que le football, c’est surtout cela : un engagement brut, un soutien populaire, et l’orgueil d’un club amateur représentant toute une région.
Ecrit par William Dib et Rémi Rousseau