On parle de réduction de l’empreinte carbone mais que faudrait-il concrètement faire pour respecter l’objectif de 2 tonnes de CO2 émis par personne ? Réponse avec Jean-Marc Jancovici
Nous avons vu dans les deux articles précédents de la série consacrée à la conférence qu’à donnée Jean-Marc Jancovici à l’Université Catholique de Lille, pourquoi l’humanité pollue et pourquoi on a dû mal à arrêter de polluer. Mais malgré tout, nous pouvons réduire en partie notre empreinte carbone.
Selon le think tank « Carbone 4 », l’empreinte carbone des Français étant environ de 10 tonnes par personne et par an, il faut donc diviser par 5 les émissions de CO2. Suivez le guide…
2 tonnes d’émissions liées aux transports
Quand on regarde nos plus gros postes d’émissions de CO2, il y a en tête les transports, qui comptent pour lui seul pour 2,6 tonnes. Dans ces 2,6 tonnes, il y a 500 grammes pour l’avion, 2 tonnes pour la voiture et le reste est pour les autres modes de transport. “L’aviation est tout simplement impossible dans un monde à 2 tonnes par personne” rappelle Jean-Marc Jancovici. Au moins c’est clair, fini les voyages en avion en été si on veut respecter les accords de Paris.
« L’aviation est tout simplement impossible dans un monde à 2 tonnes de CO2 par personne »
Mais pour la voiture, c’est plus compliqué quand on est obligé de la prendre pour aller au travail. “La voiture individuelle thermique n’est pas tenable d’un point de vue écologique. Ceux qui le veulent peuvent passer au vélo électrique, aux transports en commun ou à la marche à pied.” Mais plus largement, “c’est la société qu’il faut revoir. Les banlieues pavillonnaires où tout est loin, ce n’est plus possible. Il faut rapprocher les gens de leur travail pour éviter ces longues distances quotidiennes.”
Manger moins de viande
Deuxième poste de dépenses écologiques : l’alimentation. Elle compte pour 2,3 tonnes. La moitié est consacrée à la viande. “Le végétarisme et le flexitarisme devraient être la norme. 70% des terres cultivées sont dédiées à l’alimentation animale en France.” Et c’est sans compter le méthane émis par les pets des vaches.
Vient en troisième position le chauffage pour 1,9 tonnes. “Chauffer au-delà de 19°C c’est compliqué tout en respectant les accords de Paris. Il faudra que ce soit moins pour la plupart des pièces de vie et des chambres des personnes qui sont en bonne santé physique.” “Il faudrait également accompagner les rénovations thermiques des bâtiments et la conversion vers des modes de chauffages plus respectueux de l’environnement des ménages précaires qui se chauffent au fioul.
Moins de fast fashion
Le dernier poste d’émission de CO2 est les achats variés pour 1,6 tonnes. L’achat de la maison compte pour plus de 500g par an. Pour le reste, ce sont les achats de loisir et courants. “Il faut tout simplement consommer moins, réparer, pas de fast fashion”.
Il reste 1,4 tonnes qui concerne les dépenses énergétiques des services publics qui comptent dans l’empreinte carbone de tous les Français. Nous n’avons pas entièrement la main sur toutes nos dépenses carbone. C’est pour cela qu’une planification écologique peut être quelque chose d’envisageable. « La France a déjà planifié à des moments clefs de son histoire. Nous sommes à un moment clef.”