Chaque année semble de plus en plus difficile pour les Français. L’inflation, toujours aussi persistante, se répercute sur les fêtes de fin d’année, et les cadeaux et repas en paient les conséquences. Face à cette nécessité d’abaisser ses dépenses, beaucoup se tournent vers les plateformes d’e-commerces. Amazon, Temu ou Aliexpress, ces sites sont de véritables aubaines pour des ménages qui peinent à boucler leur fin de mois.
Selon les dernières données de la Fédération du e‑commerce et de la vente à distance (Fevad), la morosité économique se fait sentir parmi les Français. Si 54% des citoyens se sentent dans un état d’esprit similaire à l’année précédente, près de 38% d’entre eux sont plus pessimistes et seuls 8% se déclarent plus optimistes. Face à cette conjoncture marquée par l’inflation, les consommateurs se tournent massivement vers Internet pour leurs achats de Noël. En effet, plus de trois quarts d’entre eux (soit 78%) envisagent d’utiliser les plateformes d’e-commerce, en hausse de 5 points par rapport à l’année précédente.
Malgré l’opportunité de l’achat en ligne, les Français prévoient de réduire leurs dépenses par rapport à l’année dernière, avec une moyenne de 229€ contre 279€ précédemment. Pour optimiser leurs achats, ils envisagent de tirer parti des opportunités du marché, notamment en se tournant vers des produits de seconde main, le Black Friday ou encore les paiements en plusieurs fois. Aussi, 38% envisagent d’acheter des produits de seconde main pour offrir à Noël, une tendance en hausse de 6 points en un an, avec 19% prévoyant même que tous leurs cadeaux seront des produits de seconde main.
Objectif économies pour les ménages
Pour essayer de comprendre la mentalité des Français face à des plateformes à portées de main, nous sommes allés à la rencontre de ménages faisant leurs courses de Noël. Comme prévu, les habitudes d’achat varient d’un ménage à un autre. Certains privilégient l’expérience en magasin, soulignant le besoin de voir les produits physiquement pour mieux choisir. D’autres y voient également un instant de nostalgie, comme le cas de ce trentenaire, devant le rayon Lego : « Pour les jouets, aller dans un magasin offre un retour en enfance, surtout face aux rayons de Lego. De plus, avoir immédiatement le produit en main, contrairement à Internet, est rassurant, surtout à l’approche de Noël. »
Mais cette habitude est loin de faire l’unanimité. Aujourd’hui, avec la facilité d’utilisation d’internet, de nombreux ménages préfèrent la praticité et les économies offertes par les plateformes en ligne : « Commander sur internet est moins cher, avec plus de promotions et une livraison rapide, surtout avec Amazon Prime. » souligne une habituée des plateformes. Elle poursuit : « Il m’arrive d’aller voir en boutique le produit en vrai ou un similaire, puis de revenir à la maison et de le commander pour économiser de l’argent. ».
Néanmoins, une grosse part d’ombre des sites internet existe, et si certains refusent de commander pour une cause écologique ou de droit humains, d’autres n’ont pas le choix : « La seule chose qui me frustre, c’est la dimension écologique, moi qui soutiens beaucoup cette cause, ça me fait toujours quelque chose quand je commande. Mais bon, je n’ai pas l’argent donc pas le choix. »
Des boutiques indépendantes mises sur le bord de la route
Logiquement, les boutiques traditionnelles ressentent la concurrence croissante des plateformes en ligne. Et cette inquiétude est davantage présente dans les boutiques de jouets, comme le précise cette patronne : « C’est sûr que les plateformes en ligne attirent une part de notre clientèle. Mais bon, c’est à nous de tout faire pour fidéliser nos clients en mettant en avant la qualité, les conseils personnalisés que seules les boutiques physiques peuvent offrir. » Mais si cette gérante arrive plus ou moins à survivre, ce n’est pas le cas de tout le monde : « On n’en peut plus, plus ça va, et plus Noël est moins impactant sur nos chiffres. Voir la majorité de gens se tourner vers les sites comme Aliexpress, ça rend fou, surtout au vu de la m**** qu’ils vendent. »
Même les grandes enseignes, comme les Galeries Lafayette à Paris, constatent une baisse progressive de leur clientèle, notamment dans le secteur des jouets. L’un des vendeurs nous explique : « Même nous, qui pourtant attirons une clientèle qui n’a pas besoin de beaucoup amortir les dépenses on va dire, on constatons une baisse années après années, surtout concernant les jouets. C’est pour ça que l’on est obligés de se réorganiser à chaque fois. Cette année, par exemple, on a bcp augmenté notre production de vêtement pour enfants au détriment des jouets ».
Dans ces grands magasins, des scènes comme celle d’une femme et son fils quittant le rayon jouet en murmurant « Viens, on regardera sur Internet » illustrent la réalité d’une transition vers le e‑commerce, même pour ceux qui apprécient l’expérience en magasin.