Dans le quartier de bois blancs, à Lille, au bord de la Deûle, un campement abrite une soixantaine de mineurs non accompagnés (MNA) depuis janvier 2024. En attente d’une reconnaissance devant le juge des enfants, ces jeunes survivent dans des conditions précaires. Ils peuvent compter sur l’implication des habitants et des bénévoles d’Utopia 56, une association qui, depuis des années, apporte son soutien aux personnes en exil dans toute la France. Reportage.
Le campement actuel est né après le démantèlement de l’ancien site à Lille Sud. Refusant de se décourager, les bénévoles ont trouvé refuge à Bois Blancs avec l’accord tacite des habitants. « On a tout de suite communiqué avec eux pour éviter les tensions », explique Étienne, bénévole retraité. Aujourd’hui, le campement s’intègre à la vie du quartier grâce à une solidarité exemplaire.
Un après‑midi sur le campement
Nous avons suivi Nadia et Étienne, bénévoles d’Utopia 56 Lille, lors d’une de leurs interventions quotidienne au campement. L’objectif du jour : protéger les tentes des intempéries. Armés de bâches, de ruban adhésif et d’outils de fortune, ils bricolent pour éviter que l’eau n’envahisse les abris précaires des jeunes. « Ce n’est pas toujours évident, mais on fait de notre mieux avec ce qu’on a » , explique Nadia, étudiante en Master de sociologie. Outre les réparations, l’équipe évalue les besoins des jeunes pour y répondre au plus vite. Une bâche déchirée ? Un appel est lancé pour en trouver une autre. Des repas manquants ? Ils s’organisent avec d’autres associations pour pallier ces manques. Chaque samedi, Utopia 56 organise une maraude alimentaire, tandis que, durant la semaine, les MNA dépendent d’autres structures comme les Restos du Cœur. Les dimanches, diverses associations et collectifs prennent le relais pour fournir de la nourriture et des boissons chaudes.
Des initiatives solidaires multiples
Le travail d’Utopia 56 ne se limite pas à la gestion des urgences. « On essaie de proposer du soutien scolaire, des activités sportives ou artistiques, en collaboration avec d’autres associations comme l’Entourage ou le Spartak à Lille », ajoute Nadia. Ces initiatives permettent aux jeunes de retrouver un semblant de normalité et de tisser des liens sociaux dans un environnement hostile. Le collectif d’habitants du quartier joue également un rôle clé. « Ils prêtent leur douche, assurent des cours de soutien scolaire et participent aux activités », détaille Étienne. Une véritable chaîne de solidarité s’est créée autour du campement.
Une association qui prend soin des siens
Bénévole depuis trois ans, Étienne insiste sur l’importance d’un cadre structuré : « Utopia 56 est très organisée. On a des guides de posture, des groupes de parole pour partager nos ressentis. On veut que les bénévoles se sentent soutenus face à des situations souvent difficiles. » Cette organisation rigoureuse s’accompagne d’un travail de plaidoyer pour sensibiliser les habitants et défendre les droits des jeunes auprès des institutions. « On ne fait rien sans les consulter. C’est à eux de décider ce qu’ils veulent, et nous, on les accompagne », insiste-t-il. Dans ce combat de longue haleine, bénévoles, associations et habitants démontrent qu’une solidarité humaine et locale peut offrir à ces jeunes un espoir.