Dans les prochaines années, les lois concernant le Diagnostic de performance énergétique (DPE) vont interdire la location des « passoires thermiques », une manière de lutter contre le réchauffement climatique et la précarité.
Cette année, depuis le 1er janvier, tous les bailleurs ont l’obligation d’afficher une fourchette de prix pour la consommation énergétique annuelle d’un logement dans les annonces immobilières. Et depuis cet été, il est interdit d’augmenter un loyer d’un logement classé F et G dans le DPE, plus familièrement appelé « passoire thermique », mal isolés, où la consommation de chauffage est anormalement forte. D’ici 2025, la classe G disparaîtra. En 2028, ce sera au tour de la classe F.
Une lutte pour l’environnement
Six millions de tonnes de dioxyde de carbone. C’est ce qui pourrait être « économisé » chaque année en rénovant les logements classés F et G, selon une étude du réseau Cler. Ces nouvelles réglementations représenteraient une grande aide pour limiter l’impact du secteur du bâtiment dans le réchauffement climatique. Aujourd’hui, le secteur est responsable de près de 20% des émissions nationales de gaz à effet de serre, principalement causées par les installations de chauffage, de climatisation, et les appareils de cuisson.
Une lutte contre la précarité
« On voit plus de gens qui font le choix de ne pas se chauffer, que de gens accablés de dettes » a remarqué Franck Billeau, dirigeant du réseau Eco Habitat, une association spécialisée dans l’accompagnant des foyers précaires. La lutte contre les passoires thermiques est également un enjeu sanitaire. Elles coûteraient environ 750 millions d’euros chaque année en dépense de santé.
Éric* est agent immobilier depuis 2013. Les passoires thermiques, il en entend parler depuis le début de sa profession. « On a tout le temps des locataires qui appellent pour dire qu’ils ont froid parce que leur logement est mal isolé. D’autres nous ramènent leurs factures d’énergie aux chiffres ahurissants car ils ont eu le malheur d’allumer le chauffage pendant une heure. Et, malheureusement, cela tombe majoritairement sur des familles précaires ». Il sent les propriétaires s’agacer face à cette situation. « Ça énerve les propriétaires d’être soumis à de telles réglementations ». Et pourquoi une telle réticence ? Le gouvernement propose pourtant plusieurs aides afin de faciliter les finances des travaux d’isolation. « Les travaux énergétiques performants atteignent rapidement plusieurs dizaines milliers d’euros. Même avec ces aides, l’addition reste salée ».
Aujourd’hui, la rénovation des passoires thermiques devient une urgence. Les factures d’énergie n’ont jamais été aussi élevées dans ce contexte actuel d’inflation. Et avec un été 2022 sous 40°C, l’alarme climatique a sonné. Problèmes de fin du monde comme de fin de mois, une chose est sûre, il faut agir.
*Par soucis du respect de l’anonymat, le prénom a été modifié.